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Crise frontalière entre le Venezuela et la Colombie

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Partie de la frontière entre la Colombie et le Venezuela où la contrebande est importante
Partie de la frontière entre la Colombie et le Venezuela où la contrebande est importante

Alors que les problèmes de frontières en Europe ne cessent d’être rappelés par les médias français et européens, en Amérique du Sud à la frontière entre le Venezuela et la Colombie cette frontière est également source de tensions.

Depuis que le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a décidé de fermer une partie de la frontière entre les deux pays, ce sont 1097 colombiens qui ont été expulsés par les autorités vénézuéliennes selon le dernier rapport officiel. Le président du Venezuela a en effet pris cette décision le 22 août dernier puisque trois jours auparavant une patrouille vénézuélienne a été prise en embuscade aux alentours de cette frontière. Ce sont 3 militaires et un civil vénézuélien qui ont été tués dans cette embuscade. Selon le Venezuela il s’agirait d’une embuscade réalisée par des paramilitaires colombiens. Entre les deux pays, la frontière est poreuse et ce sont des groupes de contrebandiers, de trafiquants de drogues et groupes paramilitaires qui se côtoient. Le président vénézuélien a ainsi affirmé qu’il fermait la frontière afin de « la nettoyer du paramilitarisme, de la criminalité, de la contrebande, des enlèvements, du trafic de drogue ». Depuis quelques mois le Venezuela a instauré un nouveau contrôle des prix et des changes ce qui a eu pour conséquence directe de provoquer une augmentation du marché noir déjà présent le long de la frontière colombienne. Sur cette frontière la majorité des produits de contrebande seraient de la nourriture et de l’essence mais on y trouve également des médicaments. Les plus de 1000 colombiens expulsés par le Venezuela sont accusés, selon les autorités vénézuéliennes, de ne pas être en règles. Selon Amnesty International les expulsions ont été réalisées par la garde nationale et les forces armées et, dans certains cas, des personnes ont été maltraitées et leurs maisons détruites. De ce fait, près de 6000 colombiens qui vivaient au Venezuela ont décidé de partir d’eux-mêmes avec leurs biens plutôt que de se faire expulser. Depuis que la frontière est fermée, plusieurs camions colombiens attendent le long de la frontière afin que ces derniers puissent récupérer leurs biens laissés de l’autre côté de la frontière. La frontière est fermée indéfiniment a annoncé de son côté les autorités vénézuéliennes.

Crise diplomatique entre les deux pays

Cette crise à propos de la frontière entre le Venezuela et la Colombie a amené la Colombie à rapatrier son ambassadeur en poste à Caracas, la capitale vénézuélienne. Il s’agit de la première fois que le président colombien, Juan Manuel Santos, décide de rappeler son ambassadeur au Venezuela alors que ce dernier faisait preuve d’une volonté de réconciliation avec ce pays voisin. Face à ce retrait, le Venezuela a décidé lui aussi de rappeler son ambassadeur en Colombie. Le président colombien a déclaré sa volonté de convoquer une réunion de l’UNASUR (Union des Nations Sud-américaines) dans le but de « raconter au monde ce qu’il se passe, parce que cela est totalement inacceptable ». La réunion des Ministres des affaires étrangères des pays membres de l’UNASUR est fixée au 3 septembre prochain. Cette crise au niveau de la frontière entre la Colombie et le Venezuela et la réunion des membres de l’UNASUR qui s’en suit risque de couper du monde encore davantage le Venezuela qui est déjà pourtant bien esseulé. De plus avec la chute des cours du pétrole ce pays subit une sévère crise économique. De nombreuses pénuries de biens d’alimentations et de médicaments sont enregistrées ce qui explique surement la volonté de fermer cette frontière poreuse avec la Colombie. Malgré la gravité de cette crise économique, une inflation de plus de 100% par exemple, le gouvernement vénézuélien se refuse à prendre des mesures de réduction des dépenses puisque le 6 décembre sont prévues les élections législatives où l’opposition est favorite. La situation économique du Venezuela ne semble pas aller mieux si l’on en croit la prédiction du FMI qui estime une baisse de 7% de PIB cette année.

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