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Zones grises et organisations dissidentes en Amérique du Sud

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Loin de l’attractivité des grandes villes du continent, plusieurs espaces sud-américains demeurent faiblement contrôlés et sont le lieu de commerces et trafics en tous genres. Le développement de telles zones grises est propice à la croissance de groupes dissidents localisés en certains points du continent.

Les FARC sont rentrés dans le jeu politique traditionnel après des décennies de lutte armée
Les FARC sont rentrés dans le jeu politique traditionnel après des décennies de lutte armée

Comme nous l’avons vu, l’essor sud-américain permis par la mondialisation a principalement bénéficié aux grandes villes, points nodaux économiques et commerciaux, les rendant extrêmement attractifs pour les populations. Néanmoins, géographiquement, la majeure partie du continent demeure au mieux une périphérie, au pire un espace reclus vis-à-vis de cette ouverture économique. Outre certains espaces inhabitables, comme l’Amazonie profonde, bon nombre de régions brésiliennes demeurent trop peu connectées à l’attractivité du littoral, et ce même avec le choix de Brasilia comme capitale en 1960. A l’ouest, outre certains espaces andins inhabités, ce sont les matières premières qui ont décidé de la relation de certains espaces. Ainsi en est-il de la région minière de Potosi, dont le lustre remonte à la période coloniale (jusque début XIXe siècle), mais que l’altitude (4000 mètres) et le climat ont peu à peu vidé.

Ces derniers espaces sont donc relégués. D’autres constituent désormais de véritables zones grises. Profitant d’une topographie singulière (Amazonie, Andes), des régions ont profité d’un mauvais contrôle de l’Etat pour prospérer, parfois grâce à des activités illégales. Les gouvernements successifs ont tenté de freiner le phénomène : le Pérou via une militarisation, ou plus tard via une focalisation sur un développement économique réel (infrastructures principalement), ou le Brésil via l’interdiction de toute présence humaine. Il n’en reste pas moins que la plupart de ces régions, aux confins de diverses frontières, demeurent mal contrôlées malgré ces diverses initiatives.

On distingue ainsi deux grandes régions dissidentes en Amérique du Sud. La première se situe côté andin, sur un territoire partagé notamment par la Bolivie, le Pérou et l’Equateur. Il s’agit de la plus grande région productrice de coca au monde. Une partie de cette production demeure légale (usage thérapeutique et contrôlé par l’Etat). Une autre est entièrement dédiée à la vente mondiale de cocaïne. Certes, ces surfaces illégales tendent à diminuer par l’action des gouvernements, mais les organisations mafieuses locales demeurent très bien implantées. De multiples laboratoires clandestins prospèrent, avant d’expédier le fruit de leurs transformations via les routes ou des aérodromes clandestins. Le combat contre ces trafics est perdu d’avance, notamment car les plants de coca et leurs ventes assurent des revenus conséquents aux paysans délaissés par les instances étatiques.

La deuxième se situe aux confins de la Colombie et du Venezuela. Elle est contrôlée par des forces nées au début des années 1960 et d’obédience marxiste : les Formes Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC). Initialement impliquée dans le trafic de drogues, ses actions se sont peu à peur radicalisées, avec notamment des attentats et enlèvements politiques au cours des années 1990 et 2000. Là encore, les difficultés d’accès du Sud colombien a favorisé l’essor du groupe, dont l’aura a cependant décliné avec la mort de ses chefs politiques au cours des années 2000. Le gouvernement colombien, d’abord impuissant, a bénéficié de l’aide américaine pour initier un véritable Plan de lutte au tout début des années 2000, visant à réduire à néant les champs de coca exploités par les FARC. L’affaiblissement des FARC a contribué à des pourparlers de paix avec le gouvernement colombien depuis quelques années. La plupart des guérilleros sont désormais revenus dans le jeu politique traditionnel, après plusieurs décennies de conflits ayant causé la mort de près de 250 000 personnes.

Ainsi, les zones grises sud-américaines perdurent mais leur influence diminue. Tout le contraire de certaines régions d’Amérique Centrale, et tout particulièrement le Mexique, nouvelle plaque tournante du trafic de drogue continental.

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