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Crise économique au Venezuela : a t-on atteint un point de non-retour ?

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Le Venezuela connait sa crise économique la plus grave depuis 30 ans, pénalisant une grand partie de la population qui n'a plus accès aux biens de première nécessité.
Le Venezuela connait sa crise économique la plus grave depuis 30 ans, pénalisant une grand partie de la population qui n’a plus accès aux biens de première nécessité.

720%. C’est le taux que pourrait atteindre l’inflation au Venezuela d’après le Fonds monétaire international (FMI). Frappé de plein fouet par une crise économique sans précédent depuis 2014, le pays s’enfonce progressivement dans une récession qui semble atteindre son paroxysme, avec un déficit pour la fin de l’année 2016 estimé à 27 milliards d’euros. Cette situation est renforcée par des tensions politiques grandissantes, 3 ans après l’élection de Nicolas Maduro à la tête de l’État.

La dépendance du Venezuela aux exportations pétrolières : l’aveuglement économique

La confiance du pays dans le poids économique représenté par ses réserves pétrolières, parmi les plus grandes de la planète (27 millions de barils), pourrait être la principale cause des difficultés croissantes rencontrées par le Venezuela. Misant sur la mise en place d’un système mono-productif, il tire 96% de ses devises et la moitié de son budget de sa manne pétrolière, qu’il exporte notamment vers les États-Unis, son premier partenaire commercial, suivi notamment du Mexique, de la Colombie et du Brésil.

Dans un contexte économique stable, ces exportations viennent équilibrer l’importation par le pays de la quasi-totalité de ses produits du quotidien. Or désormais, du fait de la chute de ses revenus pétroliers, le Venezuela est confronté à court terme à une pénurie sans précédent de biens de première nécessité (nourriture, médicaments), et à long terme, à une fuite de ses habitants les plus qualifiés vers les États-Unis et les pays occidentaux.

Crise politique et coup d’État: vers un effondrement de la démocratie ?

Sur le plan politique, le Venezuela est désormais mené par Nicolas Maduro, qui a succédé à Hugo Chavez en 2013. Acculé par la crise économique et les erreurs stratégiques de son gouvernement, le Président fait face à une contestation populaire grandissante. L’opposition, principalement représentée par la MUD (la Table de l’unité démocratique) et majoritaire au Parlement, appelle l’État à respecter la Constitution et demande la tenue d’un référendum visant à destituer son Président suite à l’obtention et au dépôt des 2 millions de signatures nécessaires. Face à la réticence des instances officielles, accusées d’être l’objet d’une pression politique de l’exécutif, le parti a fait appel au soutien de l’armée pour encourager le départ anticipé du Président, assurant cependant qu’il ne souhaitait pas mettre en place un coup d’État.

Cette crise, qui pourrait à terme déboucher sur la faillite du pays, fait pourtant l’objet d’un relai limité par les médias nationaux à l’échelle du globe, à l’exception des États sud-américains, engagés avec le Venezuela dans le cadre de plusieurs accords de libre-échange et de coopération (MERCOSUR depuis 2012, AEC, UNASUR etc) et d’une solidarité culturelle et historique. Elle serait pourtant le facteur déclencheur qui pourrait pousser le continent à renouer avec les périodes sombres de son Histoire, marqués par des coups d’État, une remise en cause des lois nationales, et un déploiement de l’armée.

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