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Crise pétrolière : Shell se retire de l’Arctique

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Confronté à un contexte économique difficile marqué par la chute des prix des hydrocarbures, le géant pétrolier Shell a annoncé la fin de nombreuses prospections sur le continent américain et en Europe. C’est symboliquement en Arctique que Shell a abandonné le plus récemment ses forages, sur un territoire pourtant longtemps considéré comme l’avenir de l’exploitation des hydrocarbures.

Après une année 2015 bien morose, Shell s’est retiré de l’Arctique canadien au début du mois de juin 2016, abandonnant des forages coûteux et peu rentables.
Après une année 2015 bien morose, Shell s’est retiré de l’Arctique canadien au début du mois de juin 2016, abandonnant des forages coûteux et peu rentables.

Le 8 juin dernier, la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell a définitivement cédé l’ensemble de ses permis de prospection sur la côte arctique canadienne, au nord de l’île de Baffin, à une organisation de protection environnementale : Nature Conservancy. L’ONG a servi d’intermédiaire car elle a immédiatement rétrocédé les permis au gouvernement canadien, qui envisage de créer  un parc de conservation naturel maritime. Le vaste projet a pour ambition de préserver un écosystème qui accueille de nombreux mammifères marins et oiseaux polaires. Le parc devrait s’étendre sur une grande partie de la « route du Nord » reliant l’Atlantique Nord à l’océan Arctique et couvrir plus de 44 000 km². La ministre de l’Environnement et du Changement climatique canadienne, Catherine McKenna s’est félicitée de cette initiative qui est une étape vers l’objectif de 10% des territoires marins et côtiers du Canada protégés d’ici 2020.

Cependant, ce ne sont pas les velléités écologiques du gouvernement canadien qui ont eu raison des ambitions de Shell, mais bien le marasme économique entourant ce type d’exploitation. L’entreprise a d’ailleurs communiqué en ce sens pointant des résultats d’exploitation « décevants » et les « coûts élevés associés au projet ».

Licenciements et perspectives d’avenir peu reluisantes

La décision est l’expression la plus récente d’une trame de fond chez les grands groupes pétroliers qui se retirent progressivement des projets les plus onéreux. Le budget d’exploration de cette zone de l’Alaska, qui était la propriété de Shell depuis quarante ans, devrait être réaffecté dans des zones d’activité plus rentables ont fait savoir les analystes spécialistes du secteur. Royal Dutch Shell, qui s’était déjà retiré de l’Alberta, de l’Alaska et de la Norvège, avait pourtant fait un pari ambitieux en Arctique. En effet, la compagnie avait dépêché des moyens considérables dans la région en y envoyant près de trente navires et en installant deux plateformes de forage sur la mer de Tchouktches. L’investissement, estimé à sept milliards de dollars, n’a débouché sur aucun résultat probant.

Première conséquence de cette décision, le groupe pétrolier Shell, qui a annoncé le mercredi 25 mai la suppression de 2200 postes, devrait recourir à des licenciements supplémentaires. L’année 2015 a par ailleurs été particulièrement difficile pour le secteur pétrolier. Ainsi, les investissements ont reculé de 20% dans l’année et 5% de la main d’œuvre liée au secteur a été licenciée.

L’avenir des compagnies pétrolières n’est pour autant pas parti pour s’éclaircir. Le groupe Royal Dutch Shell a déclaré qu’il pourrait se retirer d’une dizaine de pays dans le cadre de son plan de cession d’actifs et a renoncé à son projet d’exploitation des sables bitumineux à Carmon Creek, dans l’ouest du Canada, qui devait voir le jour à l’horizon 2019.

Reste à savoir si « la défaite de Shell en Arctique met fin au rêve d’une nouvelle frontière », comme l’a énoncé le Financial Times la semaine dernière.

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Marc GERARD

Ancien élève de CPGE B/L au Lycée Montaigne, Marc Gérard est diplômé d'un master en Histoire des mondes modernes et contemporains, certifié et enseignant en Histoire-Géographie. Il est rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis janvier 2016.

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