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Justin Trudeau, un président idéal?

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Il y a un an, la politique canadienne réalisait un grand virage en choisissant Justin Trudeau comme Premier Ministre, incarnation du renouveau et de la modernité. En apparaissant autant dans les magazines people que sur les photos officielles, Trudeau en arriverait à surpasser le phénomène Barack Obama. Mais quelle est la réelle action politique de son gouvernement au-delà de l’image qu’il véhicule ?

Enrique Peña Nieto, Justin Trudeau et Barack Obama.

Tout d’abord, Trudeau étonne par sa façon de gouverner. Dès les premières semaines de son mandat, il a humanisé la politique, et réalisé une rupture certaine avec les 10 ans de pouvoir de Stephen Harper, conservateur plus sombre. Entre Harper qui serrait la main de son fils en public et Trudeau qui fête Halloween déguisé en Petit Prince avec ses enfants, la différence est flagrante. Trudeau est aujourd’hui largement apprécié à l’étranger mais aussi dans son pays : encore plus de 55% des Canadiens sont satisfaits de ses actions. D’un point de vue politique, c’est surtout par sa gestion des affaires étrangères que Justin Trudeau brille. Il a misé tout au long de l’année sur le multilatéralisme et s’appuie pour cela sur l’ONU. En effet, il a récupéré un siège au conseil de sécurité après que Harper l’a perdu en 2010, infligeant une lourde humiliation au pays. L’accueil de plus de 30 000 réfugiés en 2016, la ratification de l’accord de la COP21 et l’arrêt des bombardements en Irak sont autant d’actions qui contribuent à la valorisation du Canada à l’international.

Un bilan en demi-teinte

Mais le véritable enjeu pour Trudeau est de s’attaquer efficacement aux affaires intérieures de son pays. Son premier geste a été la création d’une nouvelle tranche d’imposition pour les plus riches et l’abaissement de celle de la classe moyenne. Aussi, il a doté un programme d’infrastructures de 120 milliards de dollars canadiens sur dix ans, pour palier la chute des prix des matières premières. Pour autant, tout au long de sa première année au pouvoir, ses décisions ont surtout été symboliques avec, par exemple, la mise sur pieds d’une commission d’enquête sur le devenir des femmes autochtones, qui ne rendra ses conclusions qu’à la fin 2018. Seulement 10 projets de loi ont été élaborés depuis sa prise de fonction et d’aucuns s’impatientent. Les premiers ministres des provinces par exemple montent le ton face à Ottawa qui ne veut pas augmenter les dépenses de santé de chaque province. Les ambivalences du gouvernement commencent aussi à être dénoncées : s’il affirme que la lutte contre le réchauffement climatique est sa priorité, Trudeau vient de confirmer le projet de transport de gaz liquéfié dans l’ouest canadien qui génèrera environ 8 millions de gaz à effet de serre par an.

Finalement, l’objectif principal de Trudeau est de montrer que son pays est stable afin d’y attirer les investisseurs. Pour réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis, le Canada veut trouver d’autres débouchées pour ses exportations, d’où l’importance du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) à l’avenir toujours incertain puisque 38 assemblées, nationales ou régionales, devront se prononcer dans les pays de l’Union. Mais Trudeau n’a-t-il pas déjà remporté une bataille quand le New York Times titre, en janvier 2016, « With the Rise of Justin Trudeau, Canada Is Suddenly … Hip ? » (« Avec l’ascension de Justin Trudeau, le Canada est soudainement… cool ? »).

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