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Les Brésiliens votent Dilma Rousseff et choisissent la continuité

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Avec 56 millions de voix, Dilma Rousseff, économiste de 62 ans membre du Parti des Travailleurs (PT), a donc été élue pour succéder à Lula à la tête du Brésil, aujourd’hui huitième économie du monde. Elle devance de plus de dix millions de suffrages son opposant au second tour, le social-démocrate José Serra. Si cette élection, la première d’une femme au Brésil, était prévisible, le constat majeur que l’on peut dresser aujourd’hui est le choix de la continuité de la part du peuple brésilien.

Ainsi, Dilma Rousseff a indiqué qu’elle entendait poursuivre la politique sociale de son prédécesseur, tout en confirmant son engagement à sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté d’ici la fin de son mandat présidentiel qui commencera en janvier 2011. Pourtant, la santé des finances publiques brésilienne a reculé cette année. Sans doute, Lula n’a pas voulu prendre de mesures qui auraient handicapé son parti pour les présidentielles. Mais Dilma Rousseff devra peut-être payer les pots casser et annoncer des mesures pour le moins impopulaires au sein de son électorat. Elle a d’ailleurs assuré de contrôler les dépenses publiques à l’avenir. De telles mesures, qui pourraient annoncer un plan d’austérité, serait en outre susceptible de mettre à mal la croissance brésilienne, indispensable pour mener les réformes sociales sur lesquelles s’est engagée Dilma Rousseff. Et certains investisseurs craignent déjà que celle-ci n’augmente la part du rôle de l’Etat dans l’économie brésilienne.

Pourtant, sur la scène internationale, Dilma Rousseff souffre d’un manque criant de repères. Inconnue ou presque, souvent définie comme peu charismatique, sa légitimité à diriger une puissance telle que le Brésil devra être confirmée par des actes politiques importants à l’échelle internationale. D’ailleurs, beaucoup s’interrogent sur le rôle que va tenir celle qui vient d’être élue présidente du Brésil. Peut-être garde-t-elle ce poste pour mieux pouvoir le rendre à Lula dans quelques années, lui qui ne pouvait briguer un troisième mandat d’affilée mais qui pourrait se représenter en 2014. Ne sera-t-elle pas là uniquement pour appliquer les volontés de Lula, tel Dmitri Medvedev en Russie, souvent assimilé à un pantin politique ? Lula, qui bénéficie de 82% d’opinions favorables après deux mandats et huit ans de pouvoir, a d’ailleurs omniprésent durant la campagne de sa dauphine. Nul doute qu’en marchant sur les traces de Lula, elle utilisera son expérience et ses talents pour poursuivre la politique en place, mais pourra-t-elle s’imposer à l’intérieur et en dehors de son pays comme une dirigeante reconnue de tous ? En tout cas, la future présidente a déjà prévu de se joindre à Lula pour assister au prochain G20, un signe, peut-être, du rôle qu’elle souhaite jouer à l’avenir.

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