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Hugo Chavez à la tête du Vénézuela (2/2)

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Cet article s’attachera à décrypter le mode de fonctionnement et les événements marquant de la présidence de Hugo Chávez après le coup d’État d’avril 2002. Ainsi, nous évoquerons le renforcement du pouvoir chaviste, de même que le rôle international joué par Hugo Chávez.

La consolidation du pouvoir de Hugo Chávez

Caracas, capitale du Venezuela de Hugo Chávez
Caracas, centre névralgique du politique au Venezuela

A la suite de l’échec du coup d’État, Chávez se résout à se conformer à un référendum révocatoire. En 2004, 58 % des vénézuéliens sont contre le départ de Chávez ce qui lui permet de rester à la tête du pays. Les observateurs étrangers présent lors du scrutin valident le processus électoral renforçant sa légitimité politique. Deux ans plus tard, une nouvelle élection se déroule et assoit la domination de Hugo Chávez qui est réélu avec 62 % des voix. Enfin, en 2012, il est réélu président malgré la reconnaissance publique de son cancer ainsi que sa présence prolongée à Cuba pour se faire soigner.

A partir de 2006, Hugo Chávez entreprend de nouvelles réformes économiques. Débarrassé des jeux politiques, il annonce vouloir nationaliser les secteurs de l’énergie et des communications. Il serait plus juste d’employer le terme de renationalisation sachant qu’en 1976 le gouvernement de l’époque avait étatisé ces secteurs. En outre, Chávez tente de profiter de cet élan populaire pour réformer la constitution à travers la mise en place de la transition vers le socialisme du XXIème siècle. Un élan populaire qu’il doit à l’amélioration de vie de la classe ouvrière. Cependant, le peuple vénézuélien rejette cette réforme essentiellement parce qu’elle impliquait l’élection à vie du président.

La politique internationale émancipatrice de Chávez

Durant la seconde partie de sa présidence, Chávez oriente sa politique vers l’extérieur du pays. Du moins, ses saillies publiques ont de plus en plus ciblé des États ou des institutions étrangères. Fidèle à sa vision bolivarienne, Hugo Chávez s’oppose frontalement aux Etats-Unis et critique les incessantes ingérences nord-américaines. A plusieurs reprises, Chávez s’est présenté à la tribune des Nations Unies pour prononcer des discours acerbes contre les Etats-Unis. Il convient de tempérer cette rhétorique de l’envahisseur états-unien car le pétrole vénézuélien s’exporte essentiellement vers le nord du continent.

Par ailleurs, en 2006, l’Amérique Latine est parcourut d’une tendance politique à la gauche. En effet, l’Équateur a élu Rafael Correa et en Bolivie, Evo Morales. Ce sont deux présidents qui refusent la soumission à l’hégémonie américaine. C’est pourquoi Hugo Chávez décide d’expulser des diplomates américains, en 2008, afin de soutenir la Bolivie. Peu après, il rompt les relations diplomatiques avec Israël pour condamner la situation dans la bande de Gaza. Afin de consolider ces alliances, le Venezuela s’efforce de créer des institutions régionales comme l’Alliance Bolivarienne pour les peuples d’Amérique (ALBA).

Parallèlement, le Venezuela développe des alliances stratégiques avec la Russie, l’Iran et la Chine. Par exemple, l’armée vénézuélienne a acheté pour 11 milliards de dollars d’armement russe depuis 2006. De plus, le partenariat s’étend à l’industrie pétrolière alors que la Chine investit dans le pays de manière globale. Par ailleurs, le point d’orgue de l’émancipation du dictât états-unien se traduit par la sortie du Venezuela du Fond Monétaire International (FMI).

La présidence de Chávez entre utopie et réalité sociétale

En somme, entre 1998 et 2002, le Venezuela fut le théâtre d’un changement politique avec la fin du « pacto de puntofijo ». De plus, une nouvelle constitution a été votée, suivie de nouvelles élections présidentielles. Une grève massive organisée par l’opposition amène à une tentative de coup d’État avorté. Au final, de cette période mouvementée, Hugo Chávez s’est vu conforté dans son statut présidentiel par le peuple vénézuélien.

Le gouvernement chaviste a duré dans le temps car il a su améliorer la vie de la classe populaire. La réduction de la pauvreté est avérée mais les moyens mis en œuvre pour y parvenir doivent être remis en question. L’idée de redistribution de la rente pétrolière vers les classes les plus défavorisées a permis un soutien populaire à Chávez. La rente pétrolière subit les cours du pétrole et par conséquent fait fluctuer l’aide aux classes populaires. Cependant, l’absence de plan économique à long terme, viable et alternatif à la rente pétrolière n’a jamais surgi durant son mandat. Une absence de stratégie pathologique au Venezuela car aucun gouvernement n’a posé les fondations d’un système économique pérenne. On peut le lier au syndrome hollandais.

Par ailleurs, les années Chávez coïncident avec l’émancipation internationale du Venezuela. En 2006, le tournant à la gauche des pays latino-américains ont assuré à Chávez des soutiens régionaux. Le poids du Venezuela sur la scène internationale s’est fait plus important grâce à sa manne pétrolière et à la verve de son dirigeant. La quête de Chávez sur le plan diplomatique était la mise en échec de l’hégémonie des Etats-Unis.

A sa mort, Hugo Chávez a laissé un pays sans projet économique crédible alors que la situation sociale se dégradait. Sa mort a laissé un espace politique vide que le manque de charisme, voire de légitimité, de Maduro ne comble pas. Il convient de dire que l’éclatement de l’opposition a contribué à créer cet espace vide que l’ingérence américaine s’approprie.

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Quentin CREURER

Etudiant en sciences politiques dans le cadre d'un master dédié à l'Amérique Latine à l'Université Complutense de Madrid. Auparavant, j'ai étudié au Canada et à Lyon où j'ai obtenu une licence en Développement du Territoire Rural.

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