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Rosario : la ville argentine où l’on copie le « modèle Bukele »

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Des images qui rappellent celles des prisons salvadoriennes depuis l’arrivée au pouvoir de Nayib Bukele en 2019, mais qui proviennent d’une prison argentine à 25km de Rosario. Avec une augmentation du trafic de drogue, spécifiquement à Rosario, l’Argentine de Milei va-t-elle adopter le « modèle Bukele » ?

Rosario: la ville argentine où on copie de le "modèle Bukele"
Photo prise lors de la perquisition au sein de la prison Piñero.

« Les prisonniers sont en prison, nous n’accepterons aucune extorsion et s’ils ne comprennent pas cela, ils vont vivre des moments de plus en plus difficiles ». Voici le commentaire qui accompagne le post de Pablo Cococcioni, ministre de la Sécurité et de la Justice de la province de Santa Fe, où se situe Rosario. Ces photos rendues publiques le 6 mars, proviennent d’une perquisition au sein de la prison de Piñero. Cette intervention a été menée après l’attaque d’un bus qui transportait des agents pénitentiaires. Une fouille qui a duré plusieurs heures dont l’objectif était de prouver que l’attaque a été orchestrée pour des prisonniers. De fait, à l’instar de nombreux pays d’Amérique latine, l’emprisonnement n’empêche pas les chefs de gang argentins à poursuivre leurs trafics.

Un nouveau plan sécuritaire a Rosario

Pour de nombreux Argentins, Rosario est depuis quelques années tombée entre les mains des chefs de gang. Avec un taux d’homicide trois fois plus élevé que dans le reste du pays, la question sécuritaire est au cœur des préoccupations. En 2023, on comptabilisait 559 personnes blessées par armes à feu au sein de la ville. Le nombre de victimes s’élève à 676 en prenant en compte la périphérie de la ville.

Une semaine après l’investiture de Javier Milei, sa ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, s’est rendue dans la province de Santa Fe. Ainsi, elle a rencontré le nouveau gouverneur Maximiliano Pullaro, Pablo Cococcioni et le maire de Rosario, Pablo Javkin. À cette occasion, Patricia Bullrich a annoncé le lancement le « Plan Bandera » à Rosario à partir de janvier 2024. Cette opération de 2 millions de pesos vise à donner plus de moyens aux forces de l’ordre locales. De plus, ce nouveau plan sécuritaire a abouti au déploiement des forces fédérales spéciales dans la ville.

Lors de son discours au Congrès, le 1er mars, Javier Milei a salué l’efficacité de ce plan. « Nous sommes parvenus, au cours de ces deux mois, à réduire de près de 60 % le nombre d’homicides volontaires sur la voie publique dans les zones contrôlées par les forces fédérales ». Dans le même temps, des rapports émanant de la province de Santa Fe attestent d’une augmentation de la population carcérale. En seulement 3 mois, le nombre de détenus est passé de 8 788 à 9 356. Pour l’administration de la province ce nombre démontre aussi l’efficacité des nouvelles mesures.

Une possible dérive autoritaire ?

Des nouvelles méthodes qui copient dans une certaine mesure celles mises en place par le président salvadorien Bukele. Tout comme au Salvador, certaines voix s’élèvent en Argentine pour défendre les droits des prisonniers. Par ailleurs, en février Javier Milei et Patricia Bullrich ont rencontré Nayib Bukele lors du somment de la CPAC. À la suite de cette rencontre, Patricia Bullrich a affiché son intérêt pour la méthode du président salvadorien. « Nous voulons suivre le modèle que vous avancez. Réduire la criminalité comme vous l’avez fait tout en résistant aux critiques et en sauvant des millions et des millions de vies est incroyable ».

Au-delà du fait que le « modèle Bukele » peut être questionné, tant celui-ci viole les droits humains, la situation en Argentine est loin d’être celle observée au Salvador. Effectivement, en 2022, le pays d’Amérique centrale enregistrait son plus faible taux d’homicide avec 7,8 pour 100 000 habitants. La même année en Argentine ce taux ne dépassait pas les 4,6 pour 100 000 habitants. Ainsi, bien que le système sécuritaire semble se durcir, l’Argentine reste l’un des pays les plus sûrs de la région.

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Camille Sansberro

Camille Sansberro est diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et Prospective à l'IRIS Sup. Résidant en Argentine, elle est spécialiste de l'Amérique Latine.

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