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L’Inde, l’impossible cohabitation ?

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A l’heure où le monde musulman s’embrase, où la cohabitation entre Occidentaux et musulmans est questionnée, jetons un œil à la manière dont la plus grande démocratie du monde tente de réussir l’Union dans la diversité.

 L’Inde, ce géant :

  • démographique : 1,1 milliards d’habitants
  • spatial : 3 287 590 km2, le territoire indien  occupe la majeure partie de l’Asie du Sud
  • militaire : puissance nucléaire, armée de terre, volonté de devenir une puissance maritime : stratégie « Go West ».

1)      Le théâtre d’une pluralité conflictuelle

  • Une mosaïque religieuse, qui résulte de la cohabitation forcée de plusieurs religions millénaires à l’intérieur d’un même pays : l’hindouisme (80%), l’islam (13%, ce qui, avec 138 millions de fidèles, fait de l’Inde le deuxième pays musulman au monde, derrière l’Indonésie, et le premier pour les chiites), le christianisme (2,3%),le  sikhisme (1,9%), %), le bouddhisme (0,8%) …  En outre, quatre religions – l’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme – sont nées en Inde
  • Une stigmatisation de la relation hindous-musulmans : de nombreux conflits et attentats ont émaillés la relation entre les 2 communautés (émeutes confessionnelles de Bombay en 92-93, émeutes du Gujarat en 2002, 2008 : attentats à Bombay et Jaipur…) . La cohabitation reste difficile.

Mais les conflits religieux concernent toutes les confessions ou presque :  massacre des Sikhs en 1984 , violences anti-chrétiennes en Orissa en 2008…

 

2)      La  religion, véritable enjeu de lutte ou simple prétexte ?

  • Un contentieux religieux issu de la Partition de l’Empire des Indes en 2 états, le Pakistan à majorité musulmane et l’Inde à majorité hindoue (qui se sépara ensuite du Bangladesh musulman en 1973.) : La frontière, entre deux puissances nucléaires, est sous haute surveillance.
  • le prétexte religieux n’est souvent qu’une motivation parmi d’autres, il faut chercher aussi des causes plus profondes : les attentats de Bombay de 2008 visaient des touristes occidentaux.

 En réalité, chaque confession cherche à défendre sa place, être reconnu pour avoir plus de droits et d’avantages. C’est le principe de la laïcité à l’indienne ( « secularism ») où l’Etat défend également chaque religion. La religion est donc partie prenante de la vie politique indienne, et il incombe donc à chaque confession de s’imposer afin de dominer la vie politique. Ainsi, les  musulmans se sentent spoliés par les politiques de discriminations positives mises en place pour favoriser l’accès à l’emploi des basses castes : ce sont eux qui composent pourtant les couches socio-économiques les plus basses de la société, mais se voient de fait fermées les voies d’accès à ces emplois.

 

3)      Les enjeux et évolutions possibles :

  • L’Inde : l’impossible Union ?

Un équilibre précaire depuis 1947, mais une relative stabilité qui doit beaucoup à l’organisation décentralisée du gouvernement Indien

  • Des conflits internes aux répercussions internationales :

–          Le Pakistan, le frère ennemi : les relations de voisinage avec le voisin musulmans restent tendues, même si le dialogue bilatéral a repris depuis 2009. L’Inde accuse le Pakistan de protéger les terroristes islamistes refugiés dans les FATA (zones tribales) : elle profite ainsi de l’assassinat de Ben Laden pour redemander au Pakistan de mieux coopérer.

–          Le Bangladesh  et ses migrants : les problèmes d’intégration et de xénophobie envers les migrants qui s’installent en Inde, majoritairement au Nord, dans des régions à majorité hindoue sont légions.

–          Le Sri Lanka : un conflit périphérique où le rôle du pouvoir central indien, ambigu, a été clé. La guerre civile s’est déroulée de 1983 à 2009 entre la majorité cingalaise boudhiste et la minorité tamoule hindoue. L’Inde soutient au départ alternativement les deux camps, mais à partir des années 90, se range du côté des tamouls, notamment du fait de l’appartenance ethnique commune des Indiens de la province du Tamil Nadu. Son retrait du conflit en 2009 a abouti à la chute des Tamouls, mettant fin à la guerre.

 

Malgré les multiples conflits qui ont émaillé l’histoire de la démocratie Indienne, celle-ci  réussit depuis 1973 à faire cohabiter ses différentes communautés, soit plus d’un milliard de personnes au sein d’un même état. Un modèle de fédération imparfait, mais qui pourrait servir d’inspiration pour les nouveaux dirigeants des pays arabes.

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