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Obama donne un blanc seing à la junte birmane

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L’annonce a été faite aujourd’hui : le premier voyage officiel du fraichement réélu président Obama sera asiatique. Fait marquant, le président, qui passera probablement par le Cambodge et la Thaïlande, fera une halte en Birmanie.

Le choix de ce voyage en Asie du Sud Est est somme toute assez cohérent. Ces dernières années, les Etats Unis ont choisi de prendre un tournant géostratégique majeur en se focalisant sur la zone asiatique, et Barack Obama a été un artisan actif de ce choix. La décision du président de faire une visite officielle en Birmanie est déjà plus surprenante, tant il est vrai que, malgré la colossale couverture médiatique dont jouit Aung San Suu Kyi, la Birmanie (ou Myanmar) reste l’une des pires dictatures militaires au monde.

Comment se justifie donc ce voyage ? C’est un encouragement fait par M. Obama au régime birman. Une récompense pour le tournant démocratique que le pays semble prendre.

Il est vrai que le président Thein Sein, leader apparent du pays (la Birmanie est en réalité gouvernée par une junte militaire, dont les luttes d’influences internes sont excessivement complexes à analyser : le pouvoir est en réalité entre de nombreuses mains), a libéré des dizaines de prisonniers politiques et a permis au prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi de se présenter aux élections législatives. Ces décisions avaient déjà été saluées par Washington, qui avait considérablement allégé ses sanctions économiques contre le pays et rétabli ses liens diplomatiques avec lui. Il y a plusieurs mois, Hillary Clinton avait même fait le déplacement sur place !

Et… C’est tout ! Depuis plusieurs mois, plus rien. Des annonces, un habile entretien du « mythe » Aung San Suu Kyi par le régime, rien de plus. Aucune nouvelle « avancée démocratique ».

De là à dire que l’administration américaine se « fait avoir » par la junte birmane, il n’y a qu’un pas… Après tout, sans rien céder sur la réalité de leur pouvoir, les militaires ont obtenu l’allégement des sanctions contre leur pays et, conséquemment, un important afflux de capitaux. La Birmanie étant le 3e pays le plus corrompu au Monde, cette bouffée d’air économique profite avant tout à la junte qui peut aisément capter cette manne.

Bien entendu, on comprend aisément la volonté de Washington. Il faut accompagner un pays qui entame une transition démocratique. L’équilibre entre trop de sanctions radicalisant le pouvoir en place (ex : Cuba) et le laisser faire complet (ex : la Somalie) est très difficile à trouver, et la critique est facile.

Il n’empêche, Obama, par sa visite, accepte de fermer les yeux sur la guerre civile menée par l’armée régulière contre l’ethnie Kachin, sur le contrôle totale de la justice par l’armée, sur les milliers de prisonniers politiques, sur l’usage avéré de la torture…

C’est un choix stratégique de la part du président. Pas un mauvais choix en soi. Un choix risqué, certes, mais plein d’espoir. Le même type de choix qu’avait fait l’ex président Sarkozy avec messieurs Kadhafi et El Assad. Quand on joue, il faut s’attendre à perdre.

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