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Regain de nationalisme au Japon : la pente glissante sur fond de réarmement.

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Dans le feuilleton géopolitique qui dépeint le conflit entre la Chine et le Japon pour le contrôle des îles Diaoyu/Senkaku (selon que vous soyez japonais ou chinois), un nouvel épisode vient de commencer. La marine nippone a ainsi dévoilé son dernier atout : un porte-hélicoptère, alors que dans le même temps un membre du gouvernement évoque des moyens peu subtils de passer outre la doctrine pacifiste japonaise inscrite dans la constitution.

C’est le plus grand bâtiment de guerre japonais construit depuis la Seconde Guerre mondiale. L’Izumo est plus long qu’un bâtiment de type Mistral mais plus petit qu’un porte-avion classique. Pour un coût de 900 millions d’euros ce porte-hélicoptère entrera en service en 2015 et a été présenté au public le 6 août dernier. Quand on connaît le niveau de tension actuel entre la Chine et le Japon dans leur dispute pour le contrôle des îles Senkaku, on comprend la réaction de la Chine, qui a immédiatement envoyé quatre navires dans les eaux territoriales japonaises autour de ces îles pendant 27 heures (un record). L’ambassadeur chinois à Tokyo a immédiatement été convoqué sans s’excuser pour autant.

Ce réarmement et cette présentation font écho à l’annonce par la Chine de la construction d’un porte-avion par leurs propres chantiers et qui portera à deux le nombre de ces bâtiments dans la flotte chinoise. Mais à quoi bon un porte-hélicoptère ? Cette décision suit la réforme du rôle des forces armées entamée par le ministre de la défense japonaise. Le Japon cherche, tout en restant un allié des Etats-Unis, à ne plus dépendre entièrement de lui pour sa défense et envisage même des opérations plus agressives. Dans la continuité de la poussée nationaliste actuelle, et de la volonté de devenir un pays « normal », il convient de se doter d’un outil militaire solide, moderne et respecté. D’où la recommandation par le ministre d’accroître grandement les capacités militaires japonaise, notamment dans les domaines maritimes, aériens et amphibies afin de déployer rapidement des troupes. Et dans ce cas des hélicoptères font des outils de choix. Quant aux ennemis ils sont clairs : la Corée du Nord et la Chine.

Cet effort nationaliste et militaire en viendra forcément à la modification de la constitution pour abolir l’article disposant que le Japon « renonce à jamais à la guerre ».

Et ce n’est pas avec les récentes déclarations du vice-premier ministre (mais aussi ministre des finances) que les choses vont s’arranger. En effet, le ministre a déclaré lors d’un meeting nationaliste la semaine dernière qu’il faudrait s’inspirer de la manière dont les nazis ont modifié la constitution de la république de Weimar pour prendre le pouvoir pour modifier la constitution japonaise. Dans les faits, puisque les seniors sont opposés à la révision de la constitution, et qu’ils sont nombreux au Japon, il disait qu’il fallait le faire silencieusement sans que personne ne le réalise, comme les nazis ont pris le pouvoir après 1933.

Le ministre a retiré ses propos mais refusé de démissionner. Pendant ces débats nationalistes la politique économique insufflée par le gouvernement japonais depuis décembre prend l’eau. Coïncidence ?

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