La crise en Ukraine et ses conséquences sur l’Asie Centrale
Comme l’ont affirmé de nombreux experts, l’Ukraine est vitale pour le pouvoir russe dans la perspective de création d’une Union eurasiatique, rassemblant également certaines Républiques d’Asie Centrale. Face au renforcement des oppositions en Ukraine, étudions les possibles retombées d’un tel conflit sur ces Républiques.
Pour nombre d’occidentaux, la majeure partie des Républiques d’Asie Centrale, comme le Kazakhstan ou l’Ouzbékistan, sont de pures et simples dictatures. Ainsi, lorsque V. Ianoukovitch a été dépeint comme un dictateur moderne, personne n’a fait de rapprochement avec les peu recommandables MM. Nazarbaïev ou Karimov, purs autocrates contrôlant leur pays d’une main de fer depuis, pour certains, la chute de l’URSS.
Ces Présidents avaient certes un contrôle sur leur population beaucoup plus marqué que celui qu’avait Ianoukovitch, pour des raisons d’isolement géographique, mais aussi du fait de leur (relative) homogénéité culturelle et ethnique. Ils demeurent a priori à l’abri de tout scénario semblable. Cependant, ils ne sont pas insensibles à la démonstration de la puissance russe en Crimée, potentiellement reproductible en cas de troubles dans leur pays. Démonstration que certains (notamment le Président ouzbèk, l’un des plus méfiants vis-à-vis de Moscou) ont ouvertement critiqué, en raison de l’ingérence qu’elle constitue. D’autres, comme le Président tadjik, n’oublient pas non plus que d’importantes garnisons russes sont implantées au sein même de leur territoire. Surtout, ils ont mesuré à quel point la vigueur de la révolte en Ukraine a mis à mal très rapidement plusieurs années d’un pouvoir peu remis en cause. Enfin, des minorités russes peuplent certaines de ces Républiques. A ce titre, le Kazakhstan est un sujet d’étude particulièrement intéressant, puisque 25% de la population est russe. Le cas de la Crimée, où la Russie est intervenue pour protéger des populations… russes, a certainement donné des sueurs froides au président kazakh Nazarbaïev.
Quel impact sur le projet d’Union eurasiatique et son union douanière ?
La plupart des Républiques n’ont guère été loquaces sur le cas ukrainien, leurs médias restant silencieux sur le cours du retournement ukrainien. Au Kazakhstan, lié à la Russie (et à la Biélorussie) par une union douanière, la contestation a été plus sensible. Ce pays est en effet composé d’une frange de population ouvertement anti-russe. Cette opposition s’est réaffirmée avec l’attitude guerrière du Président Poutine et a appelé à l’arrêt du rapprochement économique entrepris par le Kazakhstan avec Moscou. Néanmoins, il est peu probable que cela ait un impact réel sur le devenir de cette Union douanière, le président Nazarbaïev jouissant d’une popularité énorme dans son pays.
Ainsi, l’impact de la crise ukrainienne dans ces pays verrouillés d’Asie Centrale demeure faible. Seul le Kirghizistan échappe à ce constat. Ce petit pays a connu deux Révoltions au cours de ces cinq dernières années et constitue donc un précédent au cas ukrainien au sein de l’ex-URSS. Un précédent certes, mais un modèle d’évolution pour Kiev ?