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L’Organisation de Coopération de Shanghai : quels enjeux ?

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Créée en juin 2001, l’Organisation de Coopération de Shanghai demeure peu connue. Elle tire ses origines du «  Groupe de Shanghai » créé en 1996 afin de répondre aux craintes russes et chinoises de perte d’influence sur les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale. L’OCS regroupe six membres (Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan) qui coopèrent afin de régler les problèmes liés aux bouleversements territoriaux issus de la disparition de l’URSS et de favoriser les échanges commerciaux. Afin de désamorcer les conflits larvés et assurer la stabilité régionale, divers accords garantissent l’intangibilité et la réduction de la militarisation des frontières. Le développement de relation de bon voisinage et la coopération politique, économique, culturelle et éducative figurent également aux objectifs de l’OCS.

L’évolution de l’OCS s’est faite à deux niveaux. D’abord d’un point de vue institutionnel avec la création d’une charte en 2002, d’un secrétariat permanent situé à Pékin et d’une structure anti-terroriste régionale (RATS) à Tachkent. D’un point de vue structurel, la Mongolie, le Pakistan, l’Inde, l’Iran et l’Afghanistan sont devenus membres observateurs tandis que la Biélorussie, le Sri Lanka et la Turquie sont « partenaires de discussion ».  Regroupant 40% de la population mondiale et de nombreuses ressources naturelles (30% des ressources mondiales de pétrole ; 38% du gaz naturel ; 40% du charbon et 60% de l’uranium), l’OCS œuvre à la création d’un nouvel ordre politique et économique. L’OCS revêt ainsi des aspects géoéconomiques importants et croissants comme l’a illustré le sommet de Pékin de juin 2012. Avec 10 milliards de nouveaux prêts chinois accordés aux membres, la Chine tente de susciter le développement économique mais aussi de profiter des potentiels débouchés commerciaux et voies d’accès terrestres au Moyen Orient et à l’Europe.

L’OCS, une alternative régionale à l’OTAN ?

Afin d’atteindre ses objectifs, l’OCS agit principalement au niveau sécuritaire. Des manœuvres communes sont organisées régulièrement de façon bilatérale à l’exemple des manœuvres sino-kazakhes en 2005 ou sino-russes en 2009. En 2007, la coopération avec l’OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective) créée en 2002 avec pour objectif de garantir la sécurité des Etats membres de la CEI, vise à élargir les actions à la criminalité et au trafic de drogue. La lutte contre le terrorisme constitue d’autre part un axe majeur de l’OCS. Par terrorisme, les membres entendent toute remise en cause de leur pouvoir par des formes de séparatisme, extrémisme islamiste mais aussi impérialisme américain. Aussi, cette structure permet aux puissances russe et chinoise de se surveiller et de discuter des enjeux régionaux et internationaux, et de diffuser leur vision des relations internationales, à l’abri de l’influence occidentale. Rappelant à plusieurs égards l’OTAN, l’OCS pourrait selon certains observateurs constituer une alternative à la structure atlantique à même de changer la donne en Asie en intégrant l’Inde, allié américain, à long terme. Néanmoins, l’organisation parait plus être un moyen de contrôle des républiques d’Asie centrale par les deux grands de la région, qu’une force de projection externe comme l’illustre l’absence d’intervention en Afghanistan. Si les dépenses militaires des Etats membres de l’OCS  sont relativement faibles en comparaison à celles des Etats membres de l’OTAN (80 milliards de dollars contre 800 pour l’OTAN en 2006), elles sont en constante augmentation. Ni organisation régionale de développement classique, ni organisation de sécurité, l’OCS constitue ainsi une structure atypique dont l’avenir est fortement lié aux velléités russes et chinoises dans la région.

 

 

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