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Elections en Australie : l’incertitude politique à son apogée

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« A Nation Divided » titrait en une le Sunday Telegraph. Car c’est un fait rare dans la vie politique australienne : pour la première fois depuis 1940, les élections, qui ont rassemblé quatorze millions d’électeurs dans un des rares pays où le vote est obligatoire, n’ont pas permis de donner à l’un ou l’autre des deux grands partis du pays la majorité au parlement. Sur 150 sièges, les travaillistes, au pouvoir depuis 2007, et les libéraux devraient en effet en obtenir environ 73 chacun : il manquerait donc trois sièges pour les deux partis pour gouverner.

Cette situation inédite donne en conséquence un poids particuliers aux élus indépendants et écologistes, qui peuvent permettre de faire basculer l’élection en se rapprochant d’un grand parti afin de former une majorité parlementaire. Julia Gillard, Premier ministre sortant et première femme à tenir ce rôle en Australie, s’est d’ores et déjà rapprochée du mouvement écologique avec qui elle a commencé à négocier. Membre du parti travailliste, qui peut se targuer d’un bilan économique plus que satisfaisant grâce notamment à la création de 300 000 emplois ces douze derniers mois, elle a notamment indiqué qu’elle souhaitait « former un gouvernement ».

De son côté, le leader de l’opposition conservatrice, Tony Abbott, voit dans ces élections le signe d’une perte de légitimité pour le gouvernement en place, incapable d’obtenir la majorité absolue lors de ces élections. En juin dernier, Julia Gillard, alors vice-Premier ministre, avait alors évincé Kevin Rudd, Premier ministre depuis les élections de 2007 : les dissensions au sein du parti travailliste auraient donc affecté le résultat du parti jusque-là au pouvoir, et les déclarations récentes de Julia Gillard sur certains sujets sensibles, tels que la taxe carbone ou l’immigration, n’auraient pas arrangé les choses. M. Abbott a par ailleurs ouvert des négociations avec des candidats indépendants. Mais celles-ci pourraient encore durer plusieurs jours ou semaines, laissant un vide provisoire dans la vie politique australienne.

Le pays, le seul parmi les pays développés à avoir pu maintenir à flot sa croissance malgré la crise mondiale, risque de pâtir de cette situation, notamment sur les places boursières où le dollar australien devrait baisser sensiblement. Mais les deux candidats en lice pour gouverner le pays ont promis de renouer avec l’excédent budgétaire : un signe qui prouve une fois de plus la force de l’économie australienne. L’instabilité politique n’aura-t-elle aucun un effet sur cet état de fait à long terme ? Rien n’est moins sûr, d’autant que le prochain gouvernement pourrait avoir une durée de vie aléatoire et réduite, du fait de sa faible légitimité face à l’opposition.

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