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Yanbian, « la troisième Corée »

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Si la planète a régulièrement eu les yeux fixés sur la péninsule de Corée et les deux frères ennemis séparés par le 38ème parallèle, la culture coréenne ne s’étend pas uniquement à ces deux territoires. En effet, en République Populaire de Chine, une province revendique son identité coréenne : « la préfecture autonome coréenne de Yanbian ». Historiquement rattachée au royaume de Koguryo (Ier au VIIème siècle), puis de Balhae (698 – 926), la région participe pleinement à l’historique fondateur de la nation coréenne au cours de cette période plus couramment évoquée sous le nom des « Trois Royaumes de Corée »(1). Durant le second millénaire, la région Yanbian passera sous domination chinoise, successivement Han (dynastie Ming), puis Mandchou avec la dynastie Qing.

La préfecture autonome de Yanbian (en rouge) dans la province de Jilin (en orange)

De la révolution culturelle au renouveau coréen

Au milieu du XXème siècle alors que la péninsule de Corée est libérée, par l’URSS au nord et les États-Unis au sud du pays, de 35 années d’occupation japonaise, la région de Yanbian reste sous domination chinoise.
Sa proximité avec la Corée du Nord, aurait pu entraîner un rapprochement entre les deux régions, mais ce ne fût pas dans les projets du Grand Timonier Mao. La dégradation des relations entre Pyongyang et Pékin à la fin des années 1950 et la révolution culturelle maoïste à partir de 1966, ont entraîné une politique d’assimilation forcée sur les populations coréennes du Yanbian. Politique menée par le neveu de Mao Zedong, Mao Yuanxin. Il faut attendre la politique d’ouverture de Deng Xiaoping en 1982 pour que les habitants de Yanbian se ré-approprient ses codes culturels, jusqu’à acquérir une relative autonomie en 1997, en raison de la forte hausse de la population d’origine coréenne.

Yanji, la préfecture du Yanbian

Relations « inter-coréennes »

Aujourd’hui cette province de 2,5 millions d’habitants est composée à 32 % de Coréens, ils étaient près de 38% en 1997. Cette baisse de proportion est un défi pour le futur de cette Corée chinoise.
Néanmoins, les dirigeants locaux peuvent compenser à travers leur diplomatie. Ainsi, bien que située à la frontière nord de la République Populaire Démocratique de Corée, le Yanbian traite également avec la Corée du Sud. En septembre 2015, la région a invité le nouvel ambassadeur de Corée du Sud en Chine, Kim Jang-soo et des investissements sud-coréens sont attendus dans la région. La frontière entre le Yanbian et la Corée du Nord est également un espace d’ouverture. Des travailleurs nord-coréens y passent pour travailler en Chine. Même si la zone est surveillée, les ONG sud-coréennes en profitent, parfois, pour en exfiltrer certains.

Bien qu’absente du récit national coréen, la province de Yanbian pourrait bien y avoir une place centrale aujourd’hui et serait un lieu tout trouvé pour des négociations en terrain neutre entre les deux autres Corées.

(1) À ne pas confondre avec la période des « Trois Royaumes de Chine » au IIIème siècle.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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