Hu Jintao en visite en France pour de juteux contrats
Plus de vingt milliards de dollars d’accords économiques selon la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying. Tel est le résultat de la visite, aujourd’hui, du Premier ministre chinois Hu Jintao à Paris. Accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy et son épouse à sa descente d’avion à Orly, cette visite devait tout d’abord permettre de rapprocher les deux chefs d’Etat, dont les relations étaient tendues depuis la visite en France du dalaï-lama fin 2008. Une moisson de contrats a, semble-t-il, fait oublier ces événements passés. Airbus vendra notamment 102 avions à la Chine pour un montant supérieur à quatorze milliards de dollars, Areva participera au développement du nucléaire civil chinois, tandis que Total apportera sa collaboration à un projet pétrochimique. Alstom et Alcatel ont également été impliqués durant cette journée riche en accords économiques.
Après avoir indiqué vouloir doubler le commerce franco-chinois à l’horizon 2015 (ce qui le porterait à 80 milliards de dollars annuellement), Hu Jintao, l’homme le plus puissant de la planète selon Forbes, a promis son soutien à la France qui présidera le prochain G20 qui commencera le 11 novembre prochain à Séoul. Le président français a ainsi déclaré qu’il pouvait compter sur la Chine pour résoudre les désordres monétaires internationaux, trouver une solution à la forte instabilité des cours des matières premières et réformer la gouvernance mondiale. « La Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité », a ainsi affirmé N. Sarkozy, qui compte bien jouer de ces quelques affaires économiques pour se faire un allié de poids sur le plan politique.
Mais les manifestations à l’égard de cette rencontre franco-chinoise ont été nombreuses, la France étant accusée de négliger les problématiques démocratiques pour ne regarder que l’intérêt économique que peut constituer l’Empire du Milieu. Hu Jintao avait annoncé qu’il ne répondrait à aucune question de la part des journalistes français. Aucune conférence de presse n’a d’ailleurs été prévue durant cette visite qui se terminera samedi. Pas question d’aborder la question du Tibet ou celle de l’oppression des Ouïgours. Pas question non plus de déblatérer sur la libération du dissident Liu Xiaobo, le tout récent Prix Nobel de la Paix. Pourtant, Nicolas Sarkozy s’est défendu de traiter la Chine avec indulgence. Il a ainsi exprimé qu’il n’y avait « aucun sujet tabou ». Le Président aurait-il évoqué la question des droits de l’Homme avec son homologue chinois ? Etant donné les déclarations bienveillantes du dirigeant chinois, cela semble peu probable. Ainsi s’est aujourd’hui manifesté le pragmatisme français à l’égard d’un géant qu’il vaut sans doute mieux avoir avec soi que contre soi, malgré parfois de profonds différends…