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Les ambitions de puissance de la Chine sous Xi Jinping (1/4)

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L’agressivité tous azimuts de la Chine sous Xi Jinping se manifeste dans les domaines militaire, économique et culturel. A travers un article en quatre parties nous analyserons tour à tour ces différents aspects afin de comprendre le désir de reconnaissance de la Chine comme puissance géopolitique.

Le réveil de la Chine : entre fascination et intrigue

Les ambitions de la Chine dans l'arène internationale sous Xi Jinping.
L’émerveillement et l’intrigue que suscite l’essor de la Chine.

« Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera (1) ». Il est vrai qu’il y a bien longtemps que l’Empire du milieu émerveille et intrigue, mais aujourd’hui les interrogations se sont muées en inquiétudes. La montée en puissance de la Chine sur la scène internationale est devenue un phénomène tentaculaire dont les effets se font ressentir dans une multitude de secteurs et sur tous les continents. Dès les prémices du XXIe siècle, une évidence émerge : la Chine ne se contentera pas de demeurer paisiblement l’usine du monde, le maillon irremplaçable d’une mondialisation florissante.

La délocalisation des industries occidentales vers la Chine a été avantageuse pour l’Occident du fait de la diminution des coûts de production avec une main-d’œuvre habile et bon marché. Toutefois, en s’appuyant sur le savoir-faire acquis auprès des industriels étrangers installés dans le pays, la Chine a rattrapé son retard technologique. En Occident, les sinologues ont longtemps conjecturé que le développement économique chinois – même édifié sur un capitalisme d’État enveloppé de communisme – conduirait tôt ou tard à la victoire de la démocratie du fait de l’enrichissement de la population. Cela ne s’est jamais produit. Au contraire, le Parti communiste chinois est devenu omniprésent.

Le président chinois Xi Jinping, élu pour la première fois en 2013 puis doublement réélu en 2018 et 2023, réitère constamment sa volonté de « hisser la Chine au premier rang du monde (2) » à l’horizon 2049, date du centenaire de la République populaire. Peu après son investiture à la tête du pays, le président chinois lance le projet de Belt and Road Initiative dans un discours prononcé lors d’une visite officielle au Kazakhstan en septembre 2013. Cette expression tout à fait romantique cache en réalité une volonté d’expansionnisme de Pékin. Après les diverses explorations maritimes de l’amiral-eunuque Zheng He vers des contrées lointaines au XVe siècle, la Chine entend faire du nouveau avec l’ancien. A travers un vaste réseau d’infrastructures terrestres et maritimes, la Chine s’impose sur tous les fronts, donnant lieu à des stratégies de riposte de la part de certaines puissances régionales ou mondiales.

Sous Xi Jinping, les trois éléments que sont le soft power, le hard power et un nationalisme exacerbé, sont devenus les mantras du régime chinois devant permettre à Pékin de retrouver sa grandeur d’antan.

Le hard power chinois déployé en mer de Chine méridionale

Bien que signataire du traité de Montego Bay en 1982, la Chine revendique depuis 2009 une zone de deux millions de kilomètres carrés délimitée par ce qu’elle appelle « la ligne des neuf traits ». Cette ligne inclut la République de Chine, communément appelée « Taïwan », ainsi que les îles disputées de Paracels et Spratleys. Depuis le milieu de la décennie 2010, plusieurs petits récifs de cette région ont été transformés en bases militaires aéronavales et opérationnelles. Il s’agit plus précisément de l’île de Woody et des récifs de Mischief et de Fiery Cross. La poldérisation, qui consiste à remblayer la mer, permet ainsi la construction de pistes d’atterrissage et l’installation de radars ou de missiles. La Chine y déploie ensuite des équipements militaires (systèmes de défense, drone de surveillance, chasseurs) et des images d’exercices militaires menés par des pilotes chinois sont diffusées à la télévision officielle chinoise.

L’expansion militaire chinoise se voit également à travers le déploiement de bateaux chinois dans le récif de Whitsun sous souveraineté philippine. La Chine explique que ce sont des bateaux de pêche qui ont coutume de s’y réfugier contre le vent alors qu’en réalité ces bateaux font partie d’un projet de colonisation de la mer de Chine méridionale.

(1) PEYREFITTE Alain, Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera, Paris, Fayard, 1973, 475 pages

(2) SCHAEFFER Frédéric, Les Echos, Xi Jinping veut hisser la Chine au premier rang du monde, consulté en ligne le 18/01/2022 <https://www.lesechos.fr/2017/10/xi-jinping-veut-hisser-la-chine-au-premier-rang-du-monde-184795

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Ameerah Ismael

Diplômée d'un master en Relations internationales et Diplomatie et d'une licence en Langues étrangères appliquées (anglais-arabe-hindi) de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Intéréssée par les enjeux politiques, militaires et sociétaux au Moyen-Orient mais également à l'Extrême-Orient.

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