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Les ambitions de puissance de la Chine sous Xi Jinping (2/4)

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L’agressivité tous azimuts de la Chine sous Xi Jinping se manifeste dans les domaines militaire, économique et culturel. L’initiative dite des Routes de la Soie représente à ce titre un pilier de la politique d’influence chinoise. 

Les Routes de la Soie chinoises, l'ambitieux projet porté par Xi Jinping
Le projet des Routes de la Soie, lancé en 2013

Une offensive économique pharamineuse lancée par Xi Jinping dans l’ancienne sphère d’influence chinoise et au-delà

En 2013 lors d’un discours à l’université Nazerbaïev à Astana, le président Xi Jinping annonce le lancement du projet de Belt and Road Initiative (BRI). Ce projet d’infrastructures titanesques comprend près de 70 pays et est considéré comme la pièce maîtresse de la politique étrangère du président Xi Jinping (1). Cette initiative comprend un volet terrestre reliant la Chine à l’Europe à travers l’Asie centrale ainsi qu’un volet maritime s’étendant de la Chine à l’Afrique en passant par l’Asie du Sud et le Moyen-Orient.

Ce programme des Routes de la soie trouve ses origines dans le fait que le marché chinois soit saturé et que les entreprises chinoises aient besoin de nouveaux débouchés. Toutefois, le projet répond aussi à un double impératif géostratégique puisque la Chine de Xi Jinping entend d’une part s’en servir pour contrer la stratégie de « pivot vers l’Asie (2)» enclenchée sous l’administration Obama et poursuivie par les administrations Trump et Biden avec la stratégie dite « d’Indo-Pacifique ». D’autre part, ce projet permet à la Chine de s’imposer face aux puissances asiatiques que sont l’Inde, l’Iran et la Russie. En Europe, la Chine a signé des partenariats avec les pays d’Europe centrale et orientale avec son « initiative 16+1 ».

Des pratiques économiques agressives qui inquiètent

Les investissements chinois dans le cadre du projet de BRI sont source d’inquiétudes du fait du « piège de la dette ». En effet, lors de la signature des contrats entre des entreprises chinoises et les pays bénéficiaires, des clauses secrètes allant jusqu’à influencer la politique intérieure et étrangère des États y sont ajoutées. Il est également prévu que la Chine puisse exercer un droit de retrait de ses investissements en cas de changement de dirigeant ou de changement juridique majeur. On peut également y trouver des clauses forçant les pays bénéficiaires à ne pas reconnaitre Taïwan. Le cas le plus emblématique est celui du Sri Lanka et son port d’Hambantota construit par des entreprises chinoises. Lorsque l’État sri-lankais n’a pas été en mesure de rembourser sa dette, la Chine a sobrement proposé au gouvernement sri-lankais de lui accorder une concession de 99 ans sur le port (3).

L’intérêt géostratégique pour la Chine de bénéficier d’un tel point d’ancrage tant pour son trafic maritime commercial que militaire ne laisse aucun doute. Cette manœuvre s’inscrit également dans la recherche d’un désenclavement maritime de la Chine sur l’océan Indien. Ce genre de procédé se retrouve sur le continent africain qui a cruellement besoin de ressources financières et d’infrastructures et qui trouve en Pékin un investisseur peu regardant sur les droits de l’Homme. L’Institut Kiel révèle que 50 % des prêts accordés par la Chine ne sont pas déclarés au Fonds monétaire international (FMI) ou à la Banque mondiale (4).

La Chine en tire également profit car elle y trouve des débouchés pour ses entreprises qui arrivent dans les pays bénéficiaires avec leur expertise et leur main d’œuvre. La prise de risque quant à la capacité de remboursement des pays bénéficiaires n’effraie pas la Chine car elle sait qu’elle pourra se faire rembourser en matières premières ou à travers des concessions sur les infrastructures construites par ses entreprises. Notons à ce titre que la « diplomatie de la dette » chinoise fonctionne en économie circulaire. L’argent ne quitte pas le territoire chinois puisque les banques nationales versent l’argent à des entreprises chinoises qui exécuteront les projets à l’étranger avec une main d’œuvre principalement chinoise et des matériaux de construction chinois.

(1) France24, Routes de la soie : la nouvelle carte des ambitions économiques mondiales de Pékin, consulté en ligne le 22/02/2022 <https://www.france24.com/fr/20190322-routes-soie-nouvelle-carte-monde-economique-chinoise>

(2) DOUZET Frédérick, VAISSE Justin, « Obama, le président du pivot », Hérodote, vol. 149, no. 2, 2013

(3) France24, Au Sri Lanka, la nouvelle route de la soie chinoise est une déception, consulté en ligne le 23/02/2022 <https://www.france24.com/fr/20190322-sri-lanka-italie-chine-port-nouvelle-route-soie-port-trieste-echec-hambantota-colombo >

(4) France Info, Les Nouvelles routes de la soie : quand l’expansionnisme chinois prend un nouveau tournant, consulté en ligne le 01/02/2022 < https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/dossier-les-nouvelles-routes-de-la-soie-quand-l-expansionnisme-chinois-prend-un-nouveau-tournant-1109821.html >

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Ameerah Ismael

Diplômée d'un master en Relations internationales et Diplomatie et d'une licence en Langues étrangères appliquées (anglais-arabe-hindi) de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Intéréssée par les enjeux politiques, militaires et sociétaux au Moyen-Orient mais également à l'Extrême-Orient.

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