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Birmanie : la junte sous pression face aux forces de la résistance

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Il y a trois ans en Birmanie, à la suite d’un coup d’Etat, la Tatmadaw, l’armée nationale birmane, renversait le gouvernement en place, mettant ainsi fin à dix ans de « parenthèse démocratique ». Le peuple avait alors manifesté contre le putsch, mais la répression avait fait des milliers de morts. Depuis le coup d’État, une violente guerre civile secoue le pays, avec une résistance très importante. En octobre 2023, les forces de la résistance ont lancé une opération militaire de grande envergure. Celle-ci représente le plus grand défi auquel la junte ait été confrontée depuis le coup d’Etat.

Une avancée des forces de la résistance

Le 27 octobre, une alliance de groupes de résistance ethniques, regroupant notamment l’armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), l’armée nationale de libération des Ta’aug (TNLA) et l’Arakan Army (AA), a lancé une opération militaire de grande ampleur, nommée « opération 1027 » contre la junte. Cette opération a conduit à la prise de plusieurs avant-postes stratégiques dans le nord de l’État Shan. En janvier, après l’intervention de la Chine, un cessez-le-feu avait été instauré entre l’alliance et la junte. Cependant, celle-ci fait face à d’autres offensives dans le sud et l’ouest du pays, se retrouvant attaquée de toutes parts. La Force de défense du peuple (PDF) soutient également ces opérations. Celle-ci constitue la branche armée du gouvernement d’unité nationale (NUG), un gouvernement parallèle formé par des membres de l’opposition birmane et des représentants ethniques pour défier la junte. En signe de coopération, les membre de la PDF sont formés auprès des forces armées des minorités ethniques. Ils sont principalement actifs dans le centre de la Birmanie.

Carte représentant le recul des forces armées de la junte birmane face aux forces de la résistance
Carte sur le recul de la junte face aux mouvements de la résistance

Une réponse de la junte aux terribles conséquences sur les civils

Face à cette pression croissante, la junte a intensifié ses frappes aériennes sur le territoire, notamment dans l’État de Rakhine. Ces bombardements ont, par ailleurs, touché des populations civiles, déclenchant une condamnation générale de la communauté internationale. La junte a également annoncé le début de la conscription obligatoire à partir du 1er avril 2024. Les autorités ont donc annoncé leur intention de recruter 5 000 Birmans par mois. Cette conscription obligatoire a déclenché la fuite de milliers de jeunes birmans, notamment vers la Thaïlande. Afin d’éviter d’être retenus par la junte, ceux-ci passent par les régions contrôlées par les forces rebelles (notamment les Karens). Au début du mois de mai, pour contrer cette fuite, la junte a suspendu la délivrance de permis de travail à l’étranger pour les hommes.

La Chine : entre soutien à la junte et collaboration avec les groupes résistants

Dans ce conflit, la Chine adopte une position ambigüe. Celle-ci ménage la junte mais reconnait en même temps les différents groupes rebelles comme belligérants à part entière, avec lesquels des discussions peuvent être engagées. En effet, compte tenu de ses nombreux intérêts économiques, la priorité de la Chine est de maintenir une forme de stabilité dans le pays. Par ailleurs, le long de sa frontière avec la Birmanie, la Chine fait face à une augmentation des activités illégales. Ces activités comprennent des trafics en tout genre, ainsi que des centres d’arnaques en ligne. Face à l’inaction de la junte, les groupes de résistance des minorités ethniques ont pris les devants, renforçant ainsi leurs relations avec la Chine.

Un engagement de la Thaïlande pour la paix en Birmanie face à l’escalade des tensions à sa frontière

La frontière entre la Thaïlande et la Birmanie : théâtre d’affrontements entre les forces de la junte et les forces de la résistance
Le Poste-frontière de Myawaddy, symbole de l’escalade des tensions le long de la frontière avec la Thaïlande

Depuis l’arrivée du Premier ministre Srettha Thavisin, la Thaïlande adopte une stratégie un peu différente concernant le conflit en Birmanie. Alors que le gouvernement précédent, incarné par la junte, favorisait plutôt la junte birmane, la position actuelle de la Thaïlande est de soutenir la paix conformément aux recommandations de l’ASEAN. Depuis mars, la Thaïlande a d’ailleurs établi un cordon humanitaire à la frontière birmane. Enfin, le Premier ministre thaïlandais s’est également prononcé sur la nécessité d’une accélération de la résolution du conflit, craignant une escalade des hostilités à la frontière. Au début du mois d’avril, la ville de Myawaddy, importante pour les échanges entre la Thaïlande et la Birmanie, a été le théâtre de violents affrontements entre la junte et les forces de la résistance.

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