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La Chine devient-elle vraiment une puissance militaire ?

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C’est une question qui doit certainement causer des nuits blanches du côté de Washington, après le premier vol d’essai, cette semaine, d’un avion furtif chinois, le Chengdu J-20. Alors qu’on pensait que la Chine n’avait pas converti sa puissance économique en pouvoir militaire (beaucoup s’étaient émerveillés, notamment avec dédain, de la « prouesse » d’un navire chinois traversant le Pacifique, il y a quelques années de cela), le pays du matin calme est, semble-t-il, passé à la vitesse supérieure, surprenant énormément les observateurs occidentaux.

Chose bien plus surprenante, le vol est intervenu alors même que le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, effectue une tournée en Asie, passant notamment par la Chine. Est-ce une coïncidence fortuite, ou voulue par les dirigeants ? A vrai dire, selon plusieurs sources, il y aurait un manque de communication flagrant entre les chefs des états-majors de l’armée et le gouvernement actuel, cause probable du malentendu de cette semaine. Néanmoins, les Etats-Unis doutent de cette thèse, et ne réfutent pas encore celle d’une coïncidence voulue et souhaitée par Hu Jintao.

Reste que cela ne peut que nuire (faiblement, malgré tout) au bilatéralisme sino-américain, axe censé « diriger » le monde, compte-tenu de la puissance économique des deux pays. Certes, les liens militaires n’ont jamais été très forts entre les deux pays, mais après les polémiques sur le yuan, après les bisbilles au sujet des droits de l’homme, cela ne peut que nous inciter à penser que la Chine a clairement choisi de se poser en rivale des Etats-Unis, cherchant le moins possible le consensus avec l’hyperpuissance américaine.  La Chine a beau affirmer que son programme de modernisation militaire ne présente que des visées défensives, il faut garder en tête que l’existence d’un soft power à la chinoise passera nécessairement par le développement conjoint d’un hard power, souvent militaire.

Malgré sa puissance économique et ses réserves de change, la Chine parait bien mal préparée à assumer ce statut de futur Grand. La bureaucratie régnant à Pékin explique certains malentendus dans la communication chinoise. Les états-majors militaires, non représentés dans le « Politburo » pékinois, uniquement peuplé de technocrates, ne peuvent guère émettre d’avis au sujet de telle décision d’ordre militaire, et cela contribue évidement au manque de transparence chinois lorsqu’on aborde la puissance militaire. Ses voisins (Corée du Sud, Japon) n’ont d’autre choix que de se rapprocher des Etats-Unis, plus transparents en la matière, plus protecteurs, poussant ces derniers à renforcer leurs positions en Mer de Chine. Et donc à mécontenter la bureaucratie chinoise…

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