Dix candidats, combien de politiques étrangères ? (1/2)
En ce jour de premier tour, Les Yeux du Monde décortiquent les politiques étrangères proposées par les dix candidats à la présidentielle, sans donner aucune consigne de vote.
Commençons par les « innovations » des candidats. On retrouve, chez F. Bayrou, F. Hollande et E. Joly, la volonté de créer une Agence Mondiale de l’Environnement. J-L. Mélenchon va plus loin en proposant la création d’un Tribunal international de justice climatique. Le candidat centriste invente également le « crime contre la paix et la sécurité internationale », sanctionné par la CPI, sur les actes terroristes et nucléaires.
J. Cheminade est certainement l’un des plus innovants sur la posture diplomatique. Il propose la création d’un « pont terrestre eurasiatique » rapprochant le continent européen (sans le Royaume-Uni) de l’Asie Pacifique. La proposition de M. Le Pen d’ Union paneuropéenne s’en rapproche, notamment de par la proximité avec la Russie sur certains sujets, mais sans la Turquie. Elle insiste également sur le besoin de la présence française dans ces contrées asiatiques, M. Hollande, préférant lui axer sa politique étrangère sur la proximité avec les pays du Sud méditerranéen. M. Bayrou veut plutôt un rapprochement avec tous les BRICS.
M. Le Pen souhaite également instaurer une grande politique de la mer, visant à faire de la France une puissance de médiation des conflits de souveraineté maritime (Arctique, Antarctique, etc.), ainsi que l’élaboration d’un protectionnisme soutenu et le retour des droits de douane.
Tous les candidats proposent une réforme des institutions internationales et notamment de l’ONU. Tous ou presque se rendent compte de la nécessité d’intégrer plus la voix des PED au Conseil de Sécurité (prôné par Bayrou, Hollande, Joly, Mélenchon et Poutou).
Dans les autres institutions, N. Sarkozy propose la fusion du G8 et du G20. A l’OMC, E. Joly plaide pour le droit inaliénable des peuples à produire leur propre alimentation, par une protection efficace contre le « dumping » des pays riches exportateurs. J-L Mélenchon pense, dans la même idée, à soutenir le développement des marchés régionaux agricoles. Ce dernier souhaite également opposer son veto à la conclusion du cycle de Doha de l’OMC et à toutes les pressions du FMI et de la Banque mondiale aux conditions posées à l’aide au développement aux pays du Sud. Signalons que P. Poutou exige la disparition pure et simple de l’OMC et du FMI, et l’idée de J. Cheminade de créer un Observatoire mondial de la consommation, des stocks agricoles et du prix des terres.
Enfin, F. Bayrou propose un accord multilatéral de coopération contre l’évasion fiscale et le blanchiment comme l’un des principes du G20 et du G8, F. Hollande pensant également à un nouvel ordre monétaire international au sein du G20.