Après cinquante ans d’indépendance pour la République Démocratique du Congo, quel rôle pour la Belgique dans ce pays tellement meurtri ?
Aujourd’hui 30 juin, la République Démocratique du Congo fête les cinquante ans de son indépendance, obtenue aux dépens de la Belgique (le roi Léopold II étant à l’origine propriétaire de ce territoire africain qu’il a ensuite légué à son pays). A cette occasion, Albert II, roi des Belges, s’est rendu dans l’ex-colonie (une première pour un souverain belge depuis 1985, lorsque le roi Baudouin, frère d’Albert II, avait fait le déplacement), afin de montrer que son pays continue de s’y intéresser. Mais certaines ONG ont montré leur désaccord vis-à-vis de ce voyage, qui selon elles cautionne un gouvernement bafouant la démocratie. Le parlement belge, qui a accepté le déplacement du roi au Congo, lui a néanmoins fixé comme condition de ne prononcer aucun discours. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU qui emploie 20000 casques bleus dans le pays dans le cadre de la Monuc, et de nombreux chefs d’Etat africains ont également été conviés.
En réalité, les relations entre le Congo et la Belgique apparaissent compliquées. Longtemps, sous Léopold II, le pouvoir belge a fait régner la terreur sur les populations locales. Aujourd’hui, alors que les Flandres se rapprochent de l’Afrique du Sud, il semble que le Congo possède désormais davantage de liens avec la Wallonie depuis une décennie. Là encore, les divergences entre Flandres et Wallonie sont évidentes.
Pourtant, d’un point de vue économique, c’est aujourd’hui la Chine qui réalise la percée la plus impressionnante en RDC avec qui elle multiplie les accords commerciaux, notamment pour l’exploitation de gisements miniers (or, cuivre, cobalt ou encore diamants). Comme de nombreux pays africains riches en ressources, la RDC fait cependant face à une économie de rente qui empêche un réel développement et écarte la population des richesses exportées. Plus de quarante millions de Congolais, soit les deux tiers de la population, gagnent moins de 1,25 dollar par jour.
Mais le pays reste surtout englué dans des travers dont il est difficile de se défaire. Guerres civiles, dictature de Mobutu pendant plus de trente ans, le pays a, depuis un demi-siècle, connu tous les fléaux possibles. La société civile est oubliée des hautes sphères politiques, l’insécurité reste grande. Ainsi, l’assassinat du militant des droits de l’homme, Floribert Chebaya, le 1er juin dernier, symbolise à lui seul les insuffisances d’un pays au ban des pays développés.
La Belgique semble vouloir conserver des liens privilégiés avec son ex-colonie à l’heure où le pays est plus divisé que jamais. La RDC, quant à elle, commémore sa libération et ne doit pas oublier que c’est le peuple qui a mené l’insurrection il y a plus de cinquante ans : tant que les Congolais ne seront pas respectés et que les droits et libertés seront bafoués, le pays ne pourra pas se développer comme son potentiel devrait le lui permettre. Regarder en arrière et mettre en cause le passé colonial du pays ne fera pas avancer la situation politique, économique et sociale de la RDC.