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Poutine, dernier allié d’Al-Assad ?

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Alors que la communauté internationale parle désormais de guerre civile pour évoquer la situation actuelle en Syrie, interrogeons-nous sur les motifs qui poussent le Président russe à protéger, directement ou indirectement, son homologue syrien.

En premier lieu, sans le soutien de Poutine, Bachar Al-Assad n’aurait eu que très peu de choix : tenter un va-tout suicidaire (comme le colonel Kadhafi), fuir à l’étranger (comme Ben Ali l’a fait il y a un an), ou négocier un départ lui évitant une condamnation à mort immédiate (presque comme Hosni Moubarak). Le président syrien connaitra-t-il un sort différent ? Très difficile à dire aujourd’hui.

Le soutien russe s’explique en premier lieu par les pertes géostratégiques dues à la fin éventuelle du régime syrien. Un renouveau syrien entrainerait : la perte de sa seule base navale en Méditerranée, à Tartous ; la fin de la résistance à l’expansion de l’OTAN dans la région (même si le cas turque mérite réflexion) ; la disparition d’un allié précieux de l’Iran (qui serait alors TRES probablement le prochain sur la liste des régimes à « abattre ») ; l’arrêt des livraisons d’armes russes à un grand acheteur.  Deux autres arguments sont évoqués : la propagation de l’instabilité aux confins sud de la Russie, dans des régions hautement fragiles. Mais surtout la longue histoire des rapprochements entre les services secrets russes (anciennement soviétiques) et syriens. Les services secrets syriens ont été formés par le KGB, en échange d’informations très précieuses depuis sur toutes sortes de sujets. Nul doute que le FSB (le nouveau KGB) y perdrait beaucoup.

Le conflit syrien, un moyen pour Poutine de rassembler les anti-américains

Alors oui, les intérêts syriens pour la Russie sont trop importants pour que Poutine laisse tomber le régime syrien actuel. Dans la volonté du chef d’Etat russe de remettre la Russie sur les bons rails diplomatiques, il est désormais clair qu’il faut instrumentaliser le comportement occidental en Syrie à ses propres fins. Malgré le pseudo-rapprochement organisé sous l’ère Medvedev, l’OTAN demeure toujours un ennemi pour la Russie (et vice versa !), en tant que instrument de l’expansionnisme américain. Cette situation, toujours patente depuis l’intégration d’anciens pays soviétiques au sein de l’Alliance, ou l’installation de défense anti-missiles dans ces mêmes pays (soi-disant pointés sur l’Iran), est de plus en plus évidente depuis le début des Révolutions arabes.

Néanmoins, cette stratégie russe pourrait avoir des coûts difficiles à supporter pour l’économie du pays, surtout en cas de changement du régime syrien : des tensions avec l’Occident bien plus marquées ; des relations compliquées avec les puissances arabes du Golfe, souhaitant le départ du rais syrien ; des revendications croissantes des populations musulmanes vivant en Russie.

Au final, la stratégie de Poutine présente plus de dangers que d’opportunités. Mais, pour lui, l’objectif est de rassembler toute la Russie derrière lui, afin d’en éviter sa fragmentation potentiellement destructrice. Objectif peut-être encore plus inatteignable que d’espérer voir le régime d’Al-Assad perdurer encore quelques mois supplémentaires.

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