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L’Espagne, ce pays qui sait ce que le mot crise signifie

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Durant deux à trois décennies, entre la mort de Franco et la crise des subprimes, l’Espagne a connu une croissance impressionnante, devenant un pays développé et amenant les standards de vie proches de ceux de la France. Mais aujourd’hui, le pays est profondément ancré dans la crise… Analyse.

Déjà plus de cinq ans de crise pour l’Espagne. Le secteur immobilier, qui avait longtemps tiré la croissance, est à l’arrêt. Les prix se sont également effondrés, les appartements, maisons et villas se vendant par millier à travers le pays. La crise a également provoqué de nombreuses saisies de biens immobiliers par les banques (plus de 400 000 environ), pour cause d’impayés. Et cette crise immobilière a des répercussions, notamment sur le secteur bancaire espagnol, qui de son côté, fait peur à l’Europe entière de par son instabilité. La nationalisation de Bankia, après des pertes estimées à près de 20 milliards d’euros en 2012, est un exemple de la mauvaise santé de ce secteur. La Commission européenne indiquait d’ailleurs en avril dernier que l’Espagne « présente des déséquilibres qui peuvent être jugés excessifs ».

Une multiplication de plans d’austérité pour rétablir les équilibres macroéconomiques

Le mois dernier, les chiffres du chômage atteignaient des sommets : plus de six millions de chômeurs, soit 27,16% de la population active. Ce taux passe à plus du tiers de la population active en Andalousie et dépasse les 55% pour les jeunes, nombreux à s’exiler à l’étranger, en Allemagne par exemple. La crise sociale n’en est que plus profonde : des manifestations à travers le pays ont lieu chaque semaine. Avec un déficit public de 10,6%, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, en poste depuis 2011, a dû prendre des mesures de rigueur pour faire des économies. La TVA est ainsi passée de 18 à 21%, les impôts ont augmenté, les salaires dans la fonction publique ont été gelés tout comme les embauches. D’autres réformes, toutes aussi sensibles, vont également se poursuivre dans les secteurs de l’énergie ou de la santé (où six des 20 plus grands hôpitaux de Madrid pourraient être privatisés), ou bien concernant les retraites, par exemple. L’animosité des Espagnols à l’égard de Rajoy, contraint de multiplier les plans d’austérité, n’a pas désempli après les rumeurs de corruption de février dernier le concernant.

Si le gouvernement de Rajoy annonce vouloir inverse la courbe de chômage en 2014, les prévisions du FMI ne laissent augurer rien de bon dans les mois prochains. L’Espagne devrait en effet voir son PIB se contracter de 1,5% environ cette année.

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