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Alerte : déconstruction européenne à endiguer !

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Passé inaperçu à cause de tout le tintamarre de la réconciliation franco-allemande de ces derniers jours, un évènement très inquiétant pour le futur de la construction européenne est arrivé au même moment : un accord a été trouvé entre les Etats Membres, la Commission et le Parlement afin de permettre « de façon temporaire » le rétablissement des contrôles aux frontières des pays situés à l’intérieur de l’espace Schengen. Une petite révolution qui ne doit pas créer un précédent pour de nouvelles idées davantage destructrices.

Un accord tripartite réunissant les Etats Membres, la Commission Européenne et le Parlement Européen a été trouvé. La chose serait vraiment extraordinaire, voire belle, si elle ne concernait pas une évolution aussi inquiétante et dangereuse pour le projet européen. En effet, cette troïka vient d’entériner « la possibilité de rétablir des contrôles aux frontières nationales en cas de pression migratoire incontrôlable à l’une de leurs frontières extérieures » et ce, à l’initiative des principaux pays terres d’accueil des immigrés : la France et l’Allemagne. Exclues d’un accord similaire conclu entre les Etats membres en 2012, ce nouvel accord peut sembler être une petite victoire pour les institutions communautaires qui gagnent aujourd’hui un droit de regard sur la façon dont les pays vont pouvoir appliquer ce dispositif.

Toutefois, ce sentiment a un goût amer pour les partisans d’un véritable espace unique européen, qui participe à l’ensemble du projet européen et lui est donc intrinsèquement lié. Or, une telle atteinte, même si on peut considérer qu’elle part d’un bon sentiment, celui de mieux gérer les arrivées dans notre espace, ne constitue pas une réponse adaptée aux problèmes de l’espace Schengen. Une nouvelle fois, les intérêts particuliers priment sur une vision globale et pérenne de l’espace européen. Et le forcing de Cecilia Malmström, commissaire aux Affaires Intérieures, pour associer les institutions supranationales de l’UE ne constitue qu’une bien maigre consolation.

Une vraie réponse communautaire digne du projet européen aurait été l’élaboration d’une mutualisation des moyens de la défense du territoire plutôt qu’une compartimentation, une parcellisation, même temporaire – d’une durée de 6 mois renouvelable selon l’accord – de l’espace Schengen. Renforcer le contrôle aux frontières, déployer des forces communautaires placées sous commandement européen eût été un signe fort de l’entraide existant entre les différents pays de l’UE (les 4 pays signataires non-membres de l’UE ne se situent pas sur des frontières « sensibles ») et aurait été un symbole bienvenu pour contrebalancer la montée de l’euroscepticisme, résultat de la cure d’austérité que même les très libéraux M. Barroso et le FMI commencent à dénoncer.

Les instances communautaires doivent davantage affirmer leurs points de vue.

Si les gouvernements ne sont, de toute évidence, pas encore prêts à avancer dans le sens de l’Histoire, se raccrochant à des débris de souveraineté alors que cela ne fait plus aucun sens, il est important que la Commission et, surtout, le Parlement réussissent à s’immiscer dans des projets mortifères pour l’avancement du projet européen. Ces institutions sont les signes les plus visibles – et donc les boucs émissaires les plus faciles des gouvernements – de l’Union européenne dans sa dimension politique (sait-on encore qui sont Hermann van Rompuy et Catherine Ashton ?) et doivent affirmer la prédominance de l’intérêt de l’Union sur les intérêts particuliers des Etats, quels qu’ils soient. Dans tous les cas, il s’agit de ne pas commencer à décomposer toutes les avancées procurées par l’Union européenne. A ses citoyens de rester sur leurs gardes.

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