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La Croatie intègre une Union Européenne en pleine crise

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A partir 1er juillet 2013, l’Union Européenne compte 28 membres à la suite de l’adhésion de la Croatie. Au premier regard, cette intégration ne change rien pour l’UE : avec 4,5 millions de citoyens et quelque 56 000 km² supplémentaires, Zagreb gonflera les rangs des petits pays européens. 12 eurodéputés croates siégeront à Strasbourg alors qu’un commissaire européen protégera les consommateurs européens. Pourtant, cette extension frontalière a une vertu politique primordiale : démontrer la capacité d’attraction exercée par Bruxelles. A défaut d’apporter la prospérité, l’Union Européenne attire et influence durablement sa périphérie, ce qui en fait un acteur géopolitique de premier plan.

Les inquiétudes ne sont pas minces. La Croatie est plongée dans les marécages du marasme économique (récession de -2% en 2012) et du chômage de masse (19,6% de la population), ce qui aggrave la situation d’un des pays les plus pauvres de l’Union avec 10 300€ de PIB par habitant (loin derrière les 44 010€ des Allemands). Un nouveau boulet s’attache au pied du géant européen et se repose la question de la redistribution centre/périphérie.

L’adhésion permet également à l’UE de mettre un deuxième pied dans les Balkans (après l’adhésion de la Slovénie en 2004) qui, depuis le sommet de Zagreb en 2000, ont vocation à intégrer l’UE. Ce brasier d’Europe du Sud où les tensions minoritaires (un match de football de 2008 à Mostar a ravivé les tensions entre Bosniaques et Croates), l’omniprésence du crime et des mafias et l’influence de la corruption sont autant de défis à relever pour lever le développement de cette région entre l’Occident et l’Orient.

Enfin, l’intégration pose une litanie de questions sur le modèle européen :

–  L’UE permet la croissance de la périphérie mais, en créant une dépendance, reste une cause majeure des récessions. La Croatie reste très dépendante de son tourisme (15% du PIB) et de ses exportations vers l’Italie, d’où sa fragilité à l’heure où ses voisins tremblent.

–  La Croatie est un pays à la démographie vieillissante qui intègre une Union Européenne vieillissante.

–  Après la Croatie, où les frontières vont-elles s’arrêter ? Vers les Balkans, la Turquie, l’Islande ? Outre l’interrogation sur les limites de l’Europe, le problème porte sur le choix du modèle européen : vers une Europe marché où le plus grand nombre de consommateurs ferait prospérer le plus grand nombre d’entreprises par le libre-échange ou vers une Europe puissance resserrée mais active sur le plan international ? Le choix de l’adhésion en ces temps de crise semble faire pencher la balance en faveur de la première alternative.

–  Enfin, l’UE reste la cible de ses dissensions internes. L’adhésion croate, posée en 2003, n’a été acceptée qu’en 2011 à cause d’un contentieux territorial opposant la Slovénie et la Croatie (Ljubljana accuse Zagreb de l’empêcher d’avoir accès aux eaux internationales en Mer Adriatique et a longtemps opposé son veto à l’adhésion). En quoi les revendications nationales prédominent encore les ambitions supranationales.

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