Xi Jinping fait-il changer la position chinoise vis-à-vis de l’Europe ?
En devenant le premier Président chinois à s’exprimer devant la Commission à Bruxelles, Xi Jinping montre qu’il remet l’Europe parmi les principaux partenaires diplomatiques de Pékin. Ce qui était loin d’être gagné…
Peut-on parler d’un premier cap franchi par Xi Jinping ? Un an et demi après avoir été élu Secrétaire Général du Parti Communiste (et donc futur Président), il est indéniable que Xi Jinping a imprimé sa marque sur les affaires intérieures chinoises. Certes, avec une croissance légèrement ralentie et des affaires toujours insistantes, tout ne demeure pas parfait. Néanmoins, il ne fait aucunement l’objet d’une remise en question, particulièrement au sein du PC. Ainsi, Xi Jinping commence à imprimer son style diplomatique, en tâchant de se différencier de ses prédécesseurs. Alors qu’Hu Jintao, l’ancien Président, « laissait » l’Europe à son Premier Ministre (se réservant la relation avec les Etats-Unis), c’est Xi Jinping lui-même qui a assuré une tournée des principales chancelleries européennes.
Une telle visite n’a pas qu’une importance symbolique. Les Européens demeurent méfiants vis-à-vis de la Chine, et le commerce chino-européen demeure modeste, mis à part la stratégie active menée par certains pays comme l’Allemagne. Néanmoins, bon nombre de pays européens toujours en crise ont bien compris qu’attirer les investissements chinois participait de la stratégie de redressement de leur pays. La France en est l’exemple parfait. La réciproque est également vraie, les entreprises européennes devant batailler afin d’intégrer le marché chinois.
Faire oublier les critiques à l’égard du modèle chinois : un défi de taille
Il n’en reste pas moins que les critiques européennes demeurent acerbes à l’égard des politiques chinoises, notamment la sous-évaluation du yuan ou les politiques protectionnistes rendant l’accès au marché chinois difficile. Se tourner vers Pékin peut être un palliatif au marasme ambiant, mais cela ne doit pas faire oublier que l’Europe demeure d’une profonde naïveté quant à sa politique commerciale. Face aux pressions chinoises, elle avait ainsi retiré ses taxes à l’import sur les panneaux solaires chinois, jugés trop peu chers et donc nuisant aux industries européennes du secteur. Depuis lors, le calme semble revenu et les deux partenaires prêts à conclure d’importants accords économiques. Suffisant pour tirer l’Europe de sa crise majeure ? Evidemment que non, mais, en ces temps difficiles, l’Europe n’a plus la possibilité d’être bien regardante sur la provenance de ses bailleurs…