Les scandales bancaires espagnols
En 2008 le président du gouvernement espagnol, J.L. Rodríguez Zapatero vantait la solidité du système bancaire espagnol, mais la crise a révélé la gestion catastrophique du secteur. L’Espagne est sortie le 31 décembre 2013 du plan d’aide bancaire (41,3 milliards d’euros) que les Européens avaient mis en place en juin 2012 pour recapitaliser les banques du pays, le moment semble donc opportun pour dresser le bilan des scandales bancaires en Espagne.
Dans les années 2000 l’Espagne a été prise par une folie immobilière. « Entre 1997 et 2005, la part du secteur immobilier passe ainsi de 11 % à 17 % du PIB, et entre 1997 et 2006, plus de 5,5 millions de logements neufs ont été mis en chantier, alors que ne se créaient sur la même période que 3,5 millions de nouveaux ménages » (cf. la vie des idées.fr). Cette bulle a été principalement alimentée par un accroissement démesuré de l’endettement des ménages souhaitant devenir propriétaires (cf. graphique). De plus, les prêts octroyés étaient hypothécaires et indexés sur le taux interbancaire européen (Euribor) donc potentiellement nocifs. En effet, lorsque la crise a frappé la zone euro en 2009 de nombreux Espagnols ayant perdus leur emploi, n’ont pas pu rembourser leur prêt dont le taux augmentait parallèlement à l’Euribor. Par conséquent, comme la loi espagnole protégeait particulièrement les créanciers, des milliers d’Espagnols ont été expulsés de leur logement, alors que ceux-ci étaient invendables à cause du stock déjà important de logements vides.
La gestion catastrophique des banques et notamment des caisses d’épargne régionales a alimenté la bulle. Les édiles locaux présents dans les conseils d’administration des caisses ont joué de leur influence pour que des projets immobiliers et d’infrastructures soient financés sans que de réelles études de rentabilité ne soient effectuées. Les politiciens ont donc contribué à accentuer la bulle immobilière. L’émission Salvados « Jugando a banqueros » est particulièrement éclairante sur la question.
Les banques espagnoles comme Bankia ont donc accumulé de nombreuses créances douteuses. Bankia créée en 2011, rassemble plusieurs caisses d’épargne dont Caja Madrid. Pendant un an la banque a caché ses immenses pertes dans l’immobilier. Elles sont finalement dévoilées en Mai 2012. Les investisseurs parmi lesquels de nombreux épargnants espagnols ont alors vu leurs économies s’évaporer aussi vite que l’action Bankia s’est effondrée. L’État espagnol a dû faire appel aux fonds européens pour recapitaliser la banque à hauteur de 20 milliards d’euros. Le renflouement du système bancaire est le principal responsable de l’explosion de la dette publique qui bondit de 36,3% du PIB en 2007 à 86% en 2012.
Ultime scandale celui des « preferentes ». En 2009 lorsque les exigences européennes se sont faites plus pressantes en matière de solidité bancaire, l’émission de ces produits financiers « préférentiels », décrits comme hybrides mi-action mi-obligation, s’est rapidement accélérée. Les « preferentes » apportaient du capital frais aux caisses d’épargne dont Bankia, la banque d’Espagne les a donc encouragées. De nombreux épargnants floués par les banques ont perdus toutes leurs économies en investissant dans ces titres. L’émission Salvados « Desmontando las preferentes » montre très bien l’ampleur du scandale.
L’accumulation des scandales bancaires en Espagne est d’une telle ampleur qu’elle a mis le pays à genoux.