Réforme territoriale et politique étrangère française : des intérêts convergents ?
Récemment annoncées par l’éxécutif français, la réforme territoriale et la simplification du « mille-feuilles administratif » suscitent au sein du paysage politique français un intense débat, tiraillé entre rationnalisation économique et attachement à une identité propre. Un antagonisme qu’un changement d’échelle – du national au mondial – permettrait peut-être de dépasser.
Au mois d’avril dernier, une mission de la région Midi-Pyrénées s’est rendue dans l’État brésilien du Pernambouc, où un accord de coopération à été signé dans plusieurs domaines autour de la collaboration hospitalière et de la recherche universitaire, en plus de prises de contacts entre plusieurs TPE-PME dans les domaine de l’énergie et des nouvelles technologies. Une visite qui se déroulait dans le cadre du partenariat stratégique entre la France et le Brésil, effectif depuis une dizaine d’années et qui a ouvert le pas à une coopération décentralisée entre les différentes collectivités territoriales des deux pays. Une visite qui s’inscrit également bien dans le cahiers des charges des régions parmi lesquelles figurent notamment la promotion du système scolaire – lycées et enseignement supérieur -, la gestion des infrastructures ainsi que le développement économique. Autant de domaines pour lesquels une ouverture sur l’international et une insertion efficace au sein d’une économie mondialisée deviennent des perspectives incontournables. Pour ce faire, l’État-nation apparaît de moins en moins pertinent et tend à être pris en étau entre une régionalisation à l’échelle continentale (UE, ASEAN, MERCOSUR…) d’une part, un renforcement des collectivités territoriales de l’autre (coopération transfrontalière notamment).
Dans ce cadre, la division par deux du nombre de régions (22 à 11) permettrait donc à celles-ci d’atteindre une taille critique plus à même de servir la promotion de leurs intérêts à l’échelle mondiale. Ainsi de la région Haute-Normandie (dont la fusion avec le Basse-Normandie est une des plus consensuelles) qui cherche à devenir un territoire leader du développement de l’éolien offshore, à la suite du choix par GDF-Suez et Areva du site de Tréport. Le développement d’un pôle de recherche alliant universités/grandes écoles et entreprises ainsi qu’une intense campagne d’information auprès de pays et d’institutions (ONU, UE…) constituent les ressorts principaux de cette politique et seront d’autant plus crédibles que la région présente une taille – et donc un pouvoir politique, financier et humain – suffisamment solide. Un exemple qui prouve bien qu’une complémentarité peut être trouvée entre firmes multinationales et entreprises plus modestes, et qui souligne qu’une telle réforme territoriale complèterait intelligemment la dynamique initiée par Laurent Fabius à travers le développement d’une diplomatie économique au service des petites et moyennes entreprises françaises.
Résoudre les tensions régionales par la désignation d’un objectif commun de dimension mondiale, voilà qui pourrait constituer un argument de poids en la faveur de la réforme territoriale. Un compromis qui ferait que ce que chaque région perd en particularité à l’échelle nationale est récupéré en personnalité et visibilité à l’échelle globale.
Ainsi, qu’il s’agisse d’exporter le savoir-faire français ou de vanter les mérites touristiques de la France, la projection vers l’étranger de régions renforcées permettrait de répondre au besoin d’un tissu économique plus souple tout en valorisant les patrimoines et identités de chacune d’entre-elles.