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La Cité des Civilisations du Vin, projet phare de Bordeaux

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En ce moment même, les ouvriers de GTM Bâtiment Aquitaine, filiale de VINCI Construction France, construisent la future Cité des Civilisations du Vin. Le projet, débuté en janvier 2011, devrait aboutir à un édifice dédié au vin de 55 m de hauteur et 14 000 m2 de surface. Le musée ouvrira ses portes au public en avril 2016. Située dans le nord de Bordeaux, au sein du quartier des Bassins à flot, cette cité monumentale aura pour mission de faire partager la culture millénaire du vin au public mondial.

Sur les rives de la Garonne se déploie un étrange monument qui ne ressemble à rien de connu. C’est normal, il s’agit d’une évocation architecturale de l’âme de la plus précieuse des liqueurs : le vin. Bienvenue à la Cité des Civilisations du Vin ! Ce projet part du constat suivant : le vin possède plus de 7 000 ans d’histoire intrinsèquement liés à celle des sociétés humaines. Les vignobles n’ont-ils pas remodelé les paysages du monde ? Le vin n’est-il pas devenu indissociable de nos mœurs, de nos traditions et de certaines religions ? Garante de la conservation et de la diffusion de ce patrimoine immatériel inestimable, la Cité des Civilisations du Vin constitue un projet reconnu d’intérêt général.

La cité devrait accueillir à terme un minimum de 425 000 visiteurs annuels. Il s’agit d’un projet hybride mi-musée, mi-parc à thèmes au sein duquel chacun pourra suivre, à l’aide d’un « compagnon de visite » (sorte de mini-tablette tactile interactive en huit langues), un parcours jalonné d’ateliers de dégustation, films documentaires, globes interactifs, lectures, hologrammes explicatifs, expériences multi-sensorielles, œuvres d’art et autres expositions temporaires pour découvrir la grande aventure du vin à travers le monde. La cité sera munie d’un auditorium de 250 places afin d’accueillir des événements artistiques et des conférences scientifiques. Elle sera également dotée d’une plate-forme oenotouristique regroupant l’essentiel des informations concernant les vignobles du monde à visiter. Des navettes fluviales y seront affrétées pour permettre aux visiteurs de découvrir les terroirs viticoles bordelais.

Les principaux acteurs de ce projet peuvent être divisés en quatre groupes : décideurs, constructeurs, comité scientifique et ambassadeurs. Les décideurs se sont regroupés en association comprenant dix représentants dont notamment le maire de la ville de Bordeaux, Alain Juppé, mais aussi des membres de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), la Région Aquitaine, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux (CCIB). Les constructeurs sont l’agence française XTU pour l’architecture, l’anglais Casson Mann pour la scénographie, la ville de Bordeaux pour la maîtrise d’ouvrage ainsi qu’une trentaine d’entreprises spécialisées pour chaque opération. Le comité scientifique est chargé de valider et garantir le contenu scientifique de la Cité des Civilisations du Vin. Il comprend des universitaires, médecins, journalistes et professionnels du vin. Enfin, les ambassadeurs de ce projet sont Robert Parker, célèbre dégustateur américain de vins et critique en œnologie, et Pierre Arditi, comédien français grand amateur de vin.

Concernant le financement de ce projet, il coûte environ 60 millions d’euros. Il est réparti entre des apports publics européens, nationaux et locaux (Bordeaux, FEDER, CUB, Aquitaine, CIVB, État, Gironde, CCIB par ordre décroissant d’apport) et des financements privés (mécénat) à hauteur de 23% du budget total.

Toutefois, quels sont les enjeux d’un projet d’une telle envergure ? Dégageons d’emblée 3 grilles d’analyse (géoéconomique, géopolitique et géoculturelle) et 3 échelles géographiques (locale, nationale et mondiale) imbriquées afin de mieux comprendre la situation.

Sur le plan géoéconomique, la Cité des Civilisations du Vin crée 600 emplois lors de sa phase de construction puis environ 750 emplois lors de l’exploitation. Elle devrait générait 40 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, injectés dans l’économie locale. À l’échelle locale, la plate-forme oenotouristique drainera des norias de touristes dans tout le vignoble bordelais, l’Aquitaine et la ville de Bordeaux ce qui engendrera des retombées économiques indirectes régionales.

Sur le plan géopolitique, ce projet valorisera l’image, la renommée et l’attractivité mondiale de Bordeaux. À l’échelle nationale, c’est la France qui brille à travers sa capitale du vin et son soft power s’en trouvera augmenté.

Sur le plan géoculturel et à l’échelle mondiale, ce projet permet à Bordeaux de s’ériger en véritable centre culturel mondial du vin.

En somme, ce projet grandiose s’inscrit dans la volonté de bâtir une métropole attractive bordelaise, à l’écart du cœur de la mégalopole européenne s’étendant de Londres à Milan : c’est l’objectif « Bordeaux millionnaire » à l’horizon 2030. Bordeaux assoirait ainsi sa position dominante de capitale mondiale du vin. Avec son belvédère garni de jumelles à réalité augmentée nous téléportant dans les terroirs viticoles réputés de la planète, la Cité des Civilisation du Vin deviendrait alors le phare, ou du moins, la vigie des vignobles du monde.

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Rémy SABATHIE

Secrétaire général et rédacteur géopolitique pour Les Yeux du Monde, Rémy Sabathié est analyste en stratégie internationale et en cybercriminalité. Il est diplômé de géopolitique, de géoéconomie et d’intelligence stratégique.

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