Mais où est passé le Royaume-Uni?
Alors qu’il est depuis janvier la 5e puissance économique mondiale, et malgré les réformes gagnantes de David Cameron pour surmonter la crise, le Royaume-Uni est curieusement aux abonnés absents sur la scène internationale.
Le 11 janvier, lors du grand rassemblement de chefs d’Etats et de gouvernement venus rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, David Cameron s’est placé en permanence au premier rang. Il a multiplié les interventions devant les caméras en insistant sur l’importance de sa présence et sur l’ampleur de l’évènement. Sans remettre en cause la sincérité et la portée de son message, on percevait clairement une volonté de se rappeler au bon souvenir de la communauté internationale.
Il est de fait incontestable que le Royaume-Uni, et ce depuis une petite dizaine d’années, apparaît assez peu sur la scène internationale. Dans la période récente, l’absence notable et notée de David Cameron dans la négociation des accords de Minsk et plus généralement sur la gestion du conflit ukrainien atteste de cet embarras britannique. Sur l’affaire de Crimée, cette absence est d’autant plus étonnante que le Royaume-Uni possède des liens historiques assez forts avec cette région.
Il serait aisé de jeter la pierre sur David Cameron en lui faisant grief d’une pusillanimité prononcée sur les affaires extérieures. On se souvient de l’humiliation que la Chambre des Communes a fait subir au Premier ministre en refusant, au mois d’août 2013, de le soutenir sur une éventuelle intervention militaire en Syrie dans le but de sanctionner Damas pour l’usage d’armes chimiques contre les rebelles. Cette véritable gifle à l’encontre de David Cameron, explique sans aucun doute en grande partie sa prudence encore accrue sur les questions internationales depuis cette date.
La situation problématique du Royaume-Uni sur la scène diplomatique se manifeste également par un paradoxe vis-à-vis de ses deux principaux partenaires internationaux. Alors que le Royaume-Uni est de plus en plus isolé sur la scène européenne, on constate que sa relation avec les Etats-Unis, cette fameuse « relation particulière », est entrée dans un processus de banalisation. Cet isolement et cette banalisation, globalement contemporains, expliquent sans doute en partie cette situation d’embarras dans laquelle est plongé le gouvernement de Sa Majesté.
L’attitude britannique vis-à-vis de l’Union Européenne et de ses formes antérieures a toujours été profondément ambigüe.. L’arrivée de Cameron au pouvoir en 2010 a porté ses relations à leur plus haut point de tension jusqu’ici. L’épée de Damoclès d’une sortie de l’Union, brandie fréquemment par le Premier ministre et bientôt matérialisée par un référendum, caractérise cette attitude bravache mais désespérée qui compromet de plus en plus tout retour à la normale de ces rapports.
A l’inverse, le manque criant de chaleur et de cordialité entre David Cameron et Barack Obama (renforcé depuis les révélations par WikiLeaks en 2010 de câbles diplomatiques américains peu flatteurs à l’encontre du Premier ministre anglais) a mis au jour la normalisation avérée des relations anglo-américaines depuis la fin des années 2000. Le revirement stratégique entamé vers le Pacifique entamé par Obama ne va pas dans le sens d’un renforcement de cette relation naguère si particulière.