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Les drones militaires français à l’horizon 2020 (1/2)

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Le mercredi 18 mai 2016, l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM) et le Collège d’enseignement supérieur de l’Armée de terre (CESAT) organisaient un colloque intitulé : « Quels drones pour quels usages à l’horizon 2020 ? ». La première table-ronde portait sur les besoins opérationnels des forces françaises en drones à l’horizon 2020.

Les drones, symbole de l'innovation au coeur de l'armée française
Les drones, symbole de l’innovation au coeur de l’armée française

Il s’agit tout d’abord de rappeler l’intérêt des drones. Etant inhabité et piloté à distance, le drone permet d’atteindre des zones inaccessibles, dangereuses et/ou sales (menace NRBC*), sans risquer la vie d’un équipage. Le second aspect, et non le moindre, est la formidable capacité d’endurance des drones qui pour certains peuvent voler sans interruption ni ravitaillement pendant 24h. Par conséquent, la principale mission des drones demeure le renseignement et l’acquisition d’information notamment lors des mission dites ISTAR**.

La France n’a pas découvert les drones ces dernières années. Cela fait environ 50 ans que l’armée française emploie des drones. Les premiers s’appelaient le R20, le CL89 et le CL289, puis il y eut le MART (Mini avion de reconnaissance télépiloté), le Crécerelle, le SDTI (Système de drone tactique intérimaire), le Harfang et enfin le Reaper. Ces drones ont été déployés sur de multiples théâtres d’opérations extérieures dont l’Irak (durant la guerre du Golfe), la Bosnie, le Kosovo, le Tchad et plus récemment l’Afghanistan, la Libye et le Mali. Certains appartiennent à la catégorie des drones tactiques comme le drone Hunter ou le DRAC (Drone de Reconnaissance au Contact) qui opère dans un rayon restreint d’une dizaine de kilomètres maximum. D’autres relèvent d’une approche opérative et stratégique comme le Harfang et le Reaper, deux drones MALE (Moyenne Altitude, Longue Endurance). L’ensemble de ces différents drones est utilisé pour une large gamme de missions, allant de la préparation (drone éclaireur) à l’évaluation des pertes adverses en passant par l’accompagnement des manœuvres militaires.

Des besoins aériens et navals conséquents

Cependant, l’Armée de l’air française a éprouvé le besoin de moderniser et d’augmenter ses drones en 2013 lors de l’opération Serval au Mali. La bande sahélo-saharienne étant immense, le drone Harfang (1 tonne) y a montré rapidement ses limites. C’est pourquoi les premiers drones américains MQ-9 Reaper (5 tonnes) ont été commandés et livrés en un temps record. Actuellement, les capacités des drones Reaper de l’armée de l’air lui permettent d’effectuer des vols de reconnaissance et de surveillance 24h/24 durant 10 jours sans interruption. C’est pourquoi le COS*** considère l’intégration du drone Reaper dans l’armée française comme le « game changer » en opération extérieure.

Concernant la Marine française, ses besoins en termes de surveillance maritime sont colossaux. En effet, la France bénéficie de la 2nde plus vaste zone économique exclusive (ZEE) au monde avec 11,5 millions de km2, derrière les Etats-Unis (12 millions de km2). Pourtant, la Marine ne dispose pas à ce jour de drones MALE mais envisage d’en installer à l’avenir sur son porte-avion et ses bâtiments de projection et de commandement (BPC) type Mistral. Des drones VTOL**** sont en cours d’expérimentation et pourraient équiper les frégates françaises à l’horizon 2023. Les nouveaux axes de développement de drones pour la Marine concernent les drones de surface (drones sur l’eau) notamment pour la protection portuaire mais aussi les drones sous-marins (type glider) et mini sous-marins. En effet, les besoins de surveillance sous-marine sont en recrudescence depuis la détection d’un sous-marin russe au large des côtes françaises en janvier 2016. En outre, la Marine prépare le renouvellement de sa capacité de déminage grâce au programme SLAMF (Système de lutte anti-mines marines futurs) qui comprend des drones démineurs développés dans le cadre d’une coopération franco-britannique.

*NRBC : Nucléaire, Radiologique, Bactériologique, Chimique

**ISTAR : Intelligence Surveillance Target Acquisition and Reconnaissance

***COS : Commandement des opérations spéciales

****VTOL : Vertical take-off and landing (drone à hélices)

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Rémy SABATHIE

Secrétaire général et rédacteur géopolitique pour Les Yeux du Monde, Rémy Sabathié est analyste en stratégie internationale et en cybercriminalité. Il est diplômé de géopolitique, de géoéconomie et d’intelligence stratégique.

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