Le « non » condamne Matteo Renzi: quel futur pour l’Italie?
Matteo Renzi voulait faire de ce dimanche 5 décembre un jour clé pour la démocratie italienne. Presque 3 ans après son élection comme président du Conseil en février 2014, il a soumis au vote populaire une réforme constitutionnelle. Quelles sont les conséquences du « non » qui a retentit avec force dans le pays? Comment le pays peut-il réagir face à cette nouvelle donne politique, avec la démission récente de Renzi?
Ce référendum marquait l’aboutissement de tous ses efforts entrepris dès le début de son mandat. Son programme prend tout son sens dans l’affirmation « donnez moi 1000 jours et je changerai le pays ». Ces changements, il les voyait principalement dans une réforme du fonctionnement des chambres parlementaires. Son objectif était d’apporter plus de stabilité politique, sachant que le pays a connu 63 gouvernements depuis 70 ans. Les compétences du Sénat devaient être réduites: il ne pourrait plus renverser de gouvernement, et son accord ne serait plus indispensable au vote des lois.
Pourtant, les Italiens, attachés à leur constitution, se sont rapidement opposés à cette réforme. Aussi, elle a été rejetée en masse par une majorité des responsables politiques puisque seulement le parti démocratique de Renzi y était favorable. Le référendum a pris une toute autre importance quand Renzi affirme qu’il démissionnera si le non l’emporte: il devient un plébiscite.
Résultat: 59,1% des italiens votent contre. Une page de l’histoire politique italienne se referme donc avec la démission de Renzi, victime de son propre référendum, présentée le mercredi 7 décembre au Président de la République.
L’Italie des 3 dernières années: le bilan du mandat Renzi
En février 2014, Renzi a été élu Président du Conseil avec un programme visant à profondément transformer son pays et à lui redonner toute sa puissance. La première étape couronnée de succès: son « Jobs Act », introduisant la convoitée flexisécurité. Il vise à aider les salariés les moins payés, à réduire les disparités entre CDI et CDD et à débuter une véritable réflexion autour de la mise en place d’un salaire minimum qui n’existe toujours pas en Italie.
Aussi, Renzi a fait voter une loi visant à moderniser le monde de la justice: pour une plus grande efficacité, le nombre de tribunaux a été divisé par plus de 2, le traitement des contentieux à caractère civil est désormais informatisé et la lutte contre la corruption est renforcée.
Si le pari de Renzi semble gagné quand son pays sort de 3 ans de récession en 2015, l’économie reste très fragile. Tout d’abord, la croissance à long terme est très faible et elle a été revue à la baisse pour 2016 avec 0,8%. Cela s’explique par une démographie très particulière: l’Italie est le deuxième pays le plus vieux du monde après le Japon, et le taux de natalité avoisine les 1,3 enfants par femme. Les grandes disparités de développement contribuent également aux difficultés du pays: si la base du dynamisme du pays est la « Troisième Italie », rassemblant 95% des PME de moins de 10 salariés, le sud du pays peine à émerger et reste très dépendant d’une économie souterraine importante. Aussi, la dette publique représente une réelle menace car elle culmine à 132% du PIB et inquiète la zone euro.
Le départ de Renzi laisse alors la possibilité au Président de former un gouvernement d’intérim ou d’appeler à de nouvelles élections. Les candidats sont nombreux – le Président a prévu de rencontrer 23 chefs de parti avant de rendre sa décision. Néanmoins, les incertitudes politiques inquiètent les investisseurs et pourraient rapidement peser sur la santé fragile du pays.