Méditerranée et immigration clandestine
Estimé à environ 280 000 en 2014, le nombre d’entrées irrégulières sur le territoire européen devrait encore augmenter en 2015. En la matière, la Méditerranée est devenue la voie principale d’immigration clandestine vers l’Europe. Fuyant la violence et les conflits (Syrie, Mali, Afghanistan, Lybie…), les migrants tentent toujours plus nombreux d’atteindre l’Europe par la voie maritime.
L’agence Frontex, créée en 2004, a lancé diverses opérations pour venir en aide aux pays les plus touchés par cette immigration maritime (essentiellement, la Grèce, l’Espagne, l’Italie). En outre, diverses conventions internationales ont été signées (conventions SOLAS et SAR, par exemple). Mais, en pratique, la lutte contre l’immigration clandestine est mise à mal par le droit international, et plus particulièrement le droit de la mer. Ainsi, par exemple, il n’existe pas à ce jour de notion de frontière maritime : la mer reste donc un espace de libre passage qui doit être respecté, ce qui ne facilite pas la lutte contre les réseaux de trafiquants.
Maitrise des frontières et politique migratoire
L’opération Mare Nostrum, d’un coût estimé à 9 millions d’euros par mois, a pris fin en 2014, remplacée par l’opération Triton, dotée d’un budget de 1,9 million d’euros par mois. Celle-ci ne semble pas pouvoir endiguer le flux des migrants. Le Parlement européen et la Commission européenne souhaitent un renforcement de l’Agence Frontex et la création d’un corps de garde-côtes européen. Jean-Claude Juncker a rappelé quant à lui la nécessité d’une politique migratoire commune aux Etats membres de l’UE. En effet, l’Europe vieillissante est amenée à terme à perdre des habitants. Une telle chute démographique pourrait alors être comblée par une politique d’immigration cohérente.
L’immigration clandestine a d’ores et déjà trouvé sa place dans les discours politiques. Pour s’en convaincre, il suffit, par exemple, de réécouter les discours récents des candidats aux élections britanniques. Au-delà des discours simplistes et des confusions, le défi à relever est réel et considérable. L’Europe a d’ailleurs fait appel à la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU devrait se réunir le 11 mai prochain pour envisager une solution à l’afflux massif de migrants et la multiplication des naufrages en Méditerranée. Les pays de l’UE souhaiteraient à cette occasion obtenir l’autorisation de l’ONU pour mener des actions contre les réseaux de passeurs et de trafiquants.