Gorbatchev accuse Poutine d’empêcher le développement de la démocratie en Russie
Sur le net, ce serait « le clash » entre Poutine et Gorbatchev : ce dernier a récemment déclaré « j’ai peur qu’ils [ Poutine et ses collaborateurs] se soient mis en tête que le pays, ingouvernable, ait besoin d’autoritarisme »; il a ensuite enfoncé le clou : « ils pensent qu’ils ne pourront faire autrement ».
Gorbatchev avait déjà décrit en 2009 le parti de Poutine, Russie Unie, comme « une mauvaise copie du parti communiste », ses cadres cherchant surtout à conserver le pouvoir plutôt que de participer à la vie démocratique. Il avait aussi marqué son profond désaccord avec la décision de Poutine, en 2004, de supprimer l’élection pour la nomination par le Kremlin des gouverneurs de région et des maires de St Petersbourg et Moscou. Décision qui a entraîné le limogeage du maire de Moscou le moi dernier pour insubordination et son remplacement par un fidèle. « La démocratie commence avec les élections, souligne Gorbatchev, les élections, la responsabilité et l’alternance. ».
Ce n’est donc pas la première pique que Gorbatchev envoie à Poutine, mais ses attaques semblent plus dures depuis quelques temps. Le gouvernement, par la voix de son porte parole M.Peskov, marche sur des œufs et déclare avoir « beaucoup de respect pour M. Gorbatchev » et « respecter son point de vue » mais ne pas être d’accord avec celui-ci. L’explication de la faiblesse de l’opposition en Russie est tout autre pour M. Peskov. Selon lui, si l’opposition peine à séduire, c’est qu’elle n’a pas de leader populaire ni de programme attractif. « Ni M. Poutine lui même, ni Russie Unie, ne sauraient être tenus pour responsables de l’incapacité des autres partis à présenter quelque chose de prometteur aux citoyens de ce pays » a-t-il déclaré. C’est que Gorbatchev occupe une place difficile dans la vie politique russe. S’il est bien perçu, il l’est toujours plus à l’étranger que dans son pays, notamment à cause de sa gestion de l’économie lors de la transition au capitalisme, et ce n’est pas un hasard si le siège de sa fondation de lutte contre le cancer chez les enfants se situe à Londres et pas à Moscou.
Car Gorbatchev s’est récemment trouvé un goût pour l’opposition politique : il possède en partie le quotidien d’opposition Novaya Gazeta, dont plusieurs reporters ont payé de leur vie ces positions ou ont déjà été violemment agressés. Il a essayé de monter son parti politique pour concourir aux élections parlementaires de l’an prochain mais a abandonné devant les obstacles juridiques mis en places. « La participation est nécessaire pour développer le processus démocratique, dit-il, il est nécessaire d’avoir des partis ; mais allez y et essayez donc de monter le vôtre ! ». Gorbatchev n’a pas dit à qui irait son vote en 2012 mais Poutine est quasi assuré de l’emporter contre ses adversaires de l’opposition. Mais qui sait si « l’alternance » ne s’appellerait pas Medvedev ?