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L’OTAN sans les États-Unis : quelle défense de l’Europe ? (1/2)

Alors que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a fêté ses 75 ans d’existence en 2024, les  incertitudes politiques aux États-Unis cristallisent les inquiétudes sur le devenir de l’Europe de la défense. Une situation qui relance les interrogations sur le devenir de l’alliance atlantique.

L’OTAN, le dispositif central d’une défense de l’Europe

Siège de l’OTAN à Bruxelles où a eu lieu l’intégration de la Suède à l’organisation le 7 mars 2024.

L’OTAN continue de montrer son rôle structurant dans la défense de l’Europe en ce début d’année 2024. L’organisation a intégré ce 15 mars la Suède au sein de son organisation. En parallèle Jens Stoltenberg prend position pour l’augmentation des approvisionnements européens en munitions en Ukraine. Pour finir, depuis la fin du mois de janvier est déployé l’exercice Steadfast Defender 24 . Plus grand exercice militaire de l’alliance depuis la fin de la guerre froide, il fait la démonstration de ses capacités de déploiement et d’interopérabilité des armées de l’alliance. Alors que son rôle stratégique est  prépondérant, sa viabilité sur le moyen/long terme est remise en cause.

Une défense de l’Europe impactée par les variations politiques américaines

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’OTAN s’est imposée comme garant de la défense de l’Europe. L’alliance a permis d’offrir des garanties de sécurité mutuelles entres États membres via la première puissance militaire mondiale. Alors que la fin de la guerre froide a vu les dépenses des grandes armées européennes baisser pour encaisser les « dividendes de la paix« , l’alliance militaire a bénéficié de son inertie politique pour péricliter et attirer de nouveaux membres malgré son manque d’objectifs stratégiques définis.

En février 2024, les propos de Donald Trump ont ciblé pour la seconde fois l’OTAN. Lors d’un meeting, il a affirmé qu’il avait répondu au président d’un État européen en ces termes :

-« Imaginons que nous ne payons pas et nous sommes attaqués, est-ce que tu nous protègerais ? »

-« Non, je ne te protègerais pas. En fait j’encouragerais même ton agresseur à te faire ce qu’il veut. Tu dois payer. »

Cette citation cible les États dépensant moins de 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) pour leur défense.  Le secrétaire général de l’OTAN défend que la protection de l’alliance n’est pas conditionnée au respect de ce chiffre. Il souligne également que les dépenses des États membres dépassent pour 18 d’entre eux ce seuil en 2024.  Néanmoins la polémique pèse sur la crédibilité de l’alliance militaire, alors que la menace russe sur l’Europe est une réalité. L’hypothèse d’un retrait américain expose la grande dépendance structurelle des États européens vis-à-vis des États-Unis pour la défense du continent .

L’hypothèse d’un système atlantique sans les États-Unis soulevée

Un retrait partiel ou total des États-Unis aurait de multiples conséquences sur l’alliance atlantique. Tout d’abord sur l’aspect dissuasif, puisque les États-Unis sont en capacité de déployer une force nucléaire tactique auprès d’États européens comme l’Allemagne. Les États-Unis sont également présents via des forces conventionnelles qui représentent cent mille personnes sur le territoire européen.

Son impact ne se limite cependant pas à ces seuls paramètres. Cette dépendance touche des dimensions de logistique, de renseignement et de ravitaillement indispensables pour le déploiement des armées et l’exploitation de certains matériels militaires. Dans cette optique, les États de l’Union européenne doivent retrouver une forme d’autonomie opérationnelle.

Alors que son rôle apparait à nouveau prépondérant depuis près de trois décennies. Les incertitudes politiques sur l’engagement américain au sein de l’OTAN poussent les européens à initier de nouvelles initiatives politiques.

Julien Oblette

est diplômé d'une licence de sciences politiques et d'un master 2 en géopolitique. Il porte un intérêt aux sujets relatifs à l'armement et aux questions d'instabilités relatives aux territoires sahéliens et d'Afrique centrale.

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