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Berlusconi part, l’Italie y gagne-t-elle ?

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 « Il cavaliere » va quitter son poste après huit ans et demi de règne sur ces dix dernières années en Italie. Après des explications sévères avec Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, le premier ministre italien, de retour à Rome, a expliqué au président Giorgio Napolitano qu’il démissionnait. Que peut-on garder de la présidence Berlusconi et vers quoi l’Italie se dirige-t-elle ?

Il fut élu pour la première fois en 1995 et s’est toujours présenté comme « libéral » mais les réformes de Berlusconi ont été pour le moins timides, pour ne pas dire inexistantes. The Economist lui reproche d’ailleurs ce comportement à la veille de son départ en indiquant que sa seule action politique fut d’empêcher le rachat d’Alitalia par Air France en 2008 et de lui donner le monopole sur la très lucrative route Rome-Milan. Le bilan de 17 ans de pouvoir Berlusconi n’est donc pas brillant. Si le gouvernement peut s’enorgueillir de ne pas avoir augmenté la dette de l’Italie ( à 120% du PIB depuis 20 ans), il a néanmoins été incapable d’en réduire le poids et la croissance de ces années a été pour le moins anémique, pour ne pas dire inexistante : entre 0 et 1%. Aujourd’hui le taux d’intérêt sur la dette Italienne atteint les 7,5% en raison de ce poids excessif et surtout de l’absence de crédibilité de l’exécutif pour résoudre le problème, en grande partie due à une absence de ligne politique claire ; en deux mots : de leadership.

Pourtant l’exécutif italien a déjà été composé de technocrates. Le gouvernement Lamberto Dini, qui a été remplacé par le gouvernement Berlusconi en 1995 était un gouvernement technocratique composé d’un juge comme ministre de l’intérieur, d’un général comme ministre des armées, etc… Aujourd’hui, c’est Mario Monti, ancien technocrate de Bruxelle et ancien commissaire européen , qui est le favori. Si rien n’est encore décidé, il a été nommé sénateur à vie par M.Napolitano, ce qui est un signe encourageant de nomination prochaine. Voilà qui devrait contrarier une dernière fois Berlusconi qui avait avancé le nom de son favori au sein de son parti : Angelino Alfano, récemment nommé secrétaire de son parti : le « peuple de la liberté », et qui avait accordé en 2008, en tant que ministre de la justice, à Berluconi l’immunité judiciaire.

Mais si M.Monti est qualifié pour le chantier qui l’attend, le plus dur sera de trouver une majorité pour le soutenir.

La ligue du Nord d’Umberto Bossi, ancien allié de Berlusconi, s’oppose à la majorité en place dans son attitude populiste habituelle et Pier Ferdinando Casini, le chef du parti de centre-droit « l’Union du Centre », composés de démocrates chrétiens et au gouvernement de 2001 à 2006, a juré de ne plus en faire partie. On peut supposer que les récentes affaires mêlant Berlusconi et des prostituées mineures (pour ne parler que de celles-ci) n’ont pas du arranger son point de vue sur la majorité actuelle. Somme toutes, M.Monti est plus face à un défi de légitimité que de crédibilité. L’exact inverse de son prédécesseur.

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