Sommet franco-allemand : un nouvel épisode de la saga UE
Lundi 9 janvier a eu lieu à Berlin une nouvelle rencontre du désormais fameux couple Merkozy. Si les enjeux de la définition d’une véritable politique économique pour l’UE restent intacts, les décisions timidement annoncées à l’issue du sommet résonnent comme un nouveau coup dans l’eau, et reportent encore la mise en place de mesures concrètes. Aucune déclaration n’a été faite sur les modalités de l’instauration rapide d’une taxe sur les transactions financières et sur le rôle de la BCE par rapport aux membres les plus fragiles de l’eurozone.
Et pourtant, on commence à le savoir, les difficultés face auxquelles sont confrontés les pays de l’UE sont nombreuses. Le niveau de l’euro par rapport au dollar n’a jamais été aussi bas depuis septembre 2010 (il s’échange aujourd’hui pur 1,266 dollar). La situation en Grèce reste, malgré les plans de sauvetages successifs, très préoccupante, et les marchés monétaires doutent largement de sa capacité à respecter les objectifs fiscaux fixés par l’UE, ce qui pourrait l’empêcher de contracter de nouveaux prêts. A l’inverse, et pour la première fois, l’émission de titres de dette de l’Allemagne est sortie à des taux d’intérêt négatifs (-0,0122%), ce qui signifie que les investisseurs sont en quête de placements « archi-sûrs ». Il ne faut pas se leurrer : ce phénomène exceptionnel n’est que temporaire, mais il permettra à l’Allemagne d’économiser un peu sur sa charge d’intérêt annuelle déjà énorme (35 milliards d’euros dans le budget de l’Etat). L’appel à des politiques de rigueur, si nécessaire qu’elle soit, accentue donc toujours plus les divergences au sein de la zone euro.
Pourquoi ce sommet ? A faire comprendre que l’idée d’une politique fiscale et budgétaire commune depuis toujours revendiquée, certes à des conditions drastiques, par l’Allemagne et désormais acceptée par l’autre géant européen, la France, est véritablement en route. Un nouveau traité incluant un « pacte fiscal » devrait d’ailleurs être signé en mars.Une nouveauté cependant : il a été question de la mise en place d’un plan de relance concomitant, mais il n’est pas certain que l’Allemagne acceptera de payer pour booster l’économie de ses voisins… Donc prudence quant à cette déclaration.
Si le vrai défi actuel reste le maintien de la Grèce dans la zone euro, il ne faut surtout pas perdre de vue que l’Italie, géant surendetté, constitue une bien plus grande menace pour l’équilibre européen.
Quid d’une taxe type Tobin (i.e. sur les transactions financières) ? Le Royaume-Uni s’y est radicalement opposé, et si la France adopte un comportement volontariste, Angela Merkel reste freinée par les libéraux-démocrates de sa coalition… Des idées, des rencontres au sommet et une diplomatie économique et budgétaire pro-active ne sauraient pourtant suffire à faire sortir l’eurozone de la crise.