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Élections législatives en Géorgie : quels enjeux internationaux ?

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Ce 26 octobre 2024, les élections législatives de Géorgie ont eu lieu dans un climat de tension. C’est le parti « Rêve Géorgien » qui a été élu avec 54,08 % des voix. Déjà au pouvoir depuis 2012, Rêve Géorgien avait pour principal opposant un front uni composé des quatre principaux partis d’opposition. Ce dernier a obtenu 37,58 % des suffrages. Les résultats de ces élections marquent un tournant pour la Géorgie, avec des enjeux liés aux relations avec la Russie, l’Occident et à l’intégration de la Géorgie à l’Union européenne (UE).

Des élections falsifiées ?

Le palais cérémonial de Géorgie abrite l'administration présidentielle.
Le palais cérémonial de Géorgie abrite l’administration présidentielle.

De nombreux événements amenant à qualifier le vote de « volé » ont marqué la journée de vote et celles la précédant. Par exemple, un Géorgien partisan de Rêve Géorgien a filmé un autre en train d’insérer plusieurs bulletins favorables au parti dans une urne. Les résultats du bureau de vote correspondant n’ont pas été pris en compte. Un rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) indique avoir noté des mesures d’intimidation et de pression sur les votants. À cause de cela, certains Géorgiens pourraient craindre des représailles en raison de leur vote.

Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie depuis 2018, a dénoncé une « falsification totale » des élections législatives. Elle a appelé à manifester et a également qualifié les résultats des élections d’une « opération russe spéciale ».

Un résultat favorisant un rapprochement avec la Russie…

Le Kremlin nia les accusations de la présidente. Qualifiées d’infondées, Moscou les considère comme le choix du peuple géorgien. La vision géorgienne de la Russie a beaucoup évolué au cours des dernières années. En effet, une guerre opposa les deux voisins en 2008. Elle concernait les régions séparatistes d’Ossétie et d’Abkhazie. Suite au conflit, la Russie a installé des bases militaires dans ces deux régions, et a reconnu leurs déclarations d’indépendance proclamées unilatéralement. Depuis cet événement, la Russie avait tenté de reprendre ses relations avec la Géorgie. La présidente déclara s’y opposer tant que la Russie continuerait de reconnaître les deux régions comme indépendantes. Après cela, Zourabichvili avait également affirmé son soutien à l’Ukraine lors de son invasion par la Russie en février 2022.

En revanche, pour le parti Rêve Géorgien, « l’ukrainisation » de la Géorgie est à éviter à tout prix. Ainsi, en entendant se rapprocher de la Russie, le parti explique assurer la stabilité et empêcher le développement d’événements similaires à ceux ayant eu lieu en Ukraine. Ce dernier élément montre l’opposition du parti aux politiques occidentales en soutien à l’Ukraine, favorisant ainsi un rapprochement avec la Russie. Pour Moscou, c’est l’Occident qui essaye de déstabiliser les élections, pas la Russie.

… un éloignement de l’Occident …

Par la suite, Rêve Géorgien s’oppose à l’Occident et à l’idée de s’en rapprocher de plusieurs manières. Tout d’abord, le parti le désigne souvent comme « un parti mondial de la guerre », et qui traiterait la Géorgie « comme de la chair à canon ». De plus, le parti soutenu par Bidzina Ivanishvili, l’homme le plus riche du pays, souhaite interdire les partis d’opposition pro-occidentaux. Ayant obtenu 91 sièges sur 150 au Parlement, Rêve Géorgien a maintenant suffisamment de sièges pour gouverner, mais pas assez pour modifier la Constitution et ainsi mettre en application ce projet. En effet, une modification constitutionnelle nécessite l’approbation d’au moins deux tiers des membres du Parlement. Ce ne serait donc pas possible avec 91 sièges sur les 100 nécessaires.

… et de l’intégration européenne. 

Pour finir, un dernier enjeu lié aux élections législatives géorgiennes est celui de l’intégration européenne. La Géorgie avait obtenu le statut de candidat en décembre 2023. En revanche, le vote d’une loi liberticide sur l’ingérence étrangère avait été jugée incompatible avec le droit de l’UE. Son objectif était de réduire au silence certains médias et la société civile. Cet événement força l’UE à mettre à l’arrêt le processus d’adhésion de la Géorgie. La volonté d’intégration européenne du pays était cependant inscrite dans la Constitution.

Avec 80 % des Géorgiens souhaitant rejoindre l’UE, il était important pour les partis candidats aux législatives de mettre en avant cet objectif lors des campagnes électorales. Cependant, les deux partis n’envisagent pas l’intégration européenne de la même manière. Bruxelles a réagi en expliquant que les résultats des élections législatives feront dépendre les chances d’intégration européenne du pays.

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Emilie Delahais

Emilie Delahais est diplômée d'une licence de Relations Internationales et est actuellement en Master de Droit International et Européen. Espérant se spécialiser dans le domaine de la sécurité internationale, elle est particulièrement intéressée par les relations de l'Union européenne avec ses partenaires internationaux, ainsi que par le domaine de la défense.

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