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Le Yémen , entre transition et contre-révolution

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Des rebelles chiites lors de la prise de Sanaa
Des rebelles chiites lors de la prise de Sanaa

La crise politique et sociale qui a débuté au Yémen en 2011 a connu récemment de nouveaux développements. La rébellion menée par les miliciens d’Ansaruallah, dont les membres sont issus d’une branche du chiisme majoritaire dans le nord du pays, le zaïdisme, occupe la capitale Sanaa depuis le mois d’août. Ces derniers ont réussi à constitué un mouvement de contestation et ont provoqué de nombreux heurts. A ces derniers s’ajoutent le groupe Ansar Al-Charia ( Al-Qaida dans la Péninsule Arabique) qui opère au sud et à l’est du pays et ont été notamment combattu grâce à l’aide américaine. Ainsi, les troubles qui ont agité le pays à partir de 2011 dans la vague de ce qui a été qualifié de « printemps arabe » ne semblent pas achevés. Loin de prendre une trajectoire singulière et de constituer un « printemps arabe réussi » le Yémen s’enfonce dans la crise politique.

Après un an de contestation contre le Président Ali Abdallah Saleh, une transition politique sous l’égide de l’ONU et du Conseil de Coopération du Golfe a permis un dialogue national et l’arrivée au pouvoir de Abd Rabbo Mansour Hadi. Ces négociations ont réuni les différentes familles politiques du pays à l’exception des indépendantistes du sud. Un accord  signé en janvier 2014 prévoit que d’ici le début de l’année 2015 une nouvelle Constitution sera adoptée et l’organisation du pays prendra une forme fédérale. Cela répond notamment aux demandes d’autonomie des sudistes et permettra de plus grands transferts par des programmes de compensations, et une meilleure représentation des différentes composantes du pays.

Derrière les rivalités politiques internes, l’enjeu régional

Les rebelles Houthis accusent le gouvernement de corruption et ont réussi à fédérer des dizaines de milliers de personnes, notamment en s’appuyant sur le mécontentement né des annonces relatives à la hausse des prix du carburant annoncée fin juillet. Cette rébellion n’est pas nouvelle et constitue une source d’inquiétude sécuritaire de longue date pour le pouvoir.  Active depuis 2004, elle s’appuie notamment sur la  tribu des Qairis, vivant de part et d’autre de la frontière yéméno-saoudienne.  Les Houthis sont ainsi soupçonnés de vouloir élargir leur influence dans le futur Etat fédéral qui comptera six provinces, plus que de participer au développement d’un Yémen civil et plus démocratique.

La contre-révolution menée par les houthistes serait soutenue par l’ex-président Saleh mais aussi par l’Iran. Ainsi Tawakkol Karman, Prix Nobel de la Paix 2011 et figure de la révolution yéménite, a récemment déclaré que l’Iran oeuvrait dans le pays à travers ces milices armées. Cela n’inscrit néanmoins pas le conflit dans une logique d’affrontement entre chiites et sunnites – majoritaires à l’échelle nationale.

La cohésion observée en 2011 au sein du pays afin de faire tomber le régime du Président Saleh a volé en éclats. L’objectif d’une transition vers un pays au sein duquel les forces traditionnelles et le pouvoir religieux auraient une moindre influence parait ainsi de plus en plus lointain. Chacun des anciens groupes tente ainsi  de tirer son épingle du jeu au regard des ses objectifs propres. La trajectoire que prend la révolution rappelle ainsi de plus en plus le scénario libyen.

 

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