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Proclamation d’une « entité fédérale » kurde en Syrie : vers la création d’un Kurdistan syrien ?

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Les kurdes contrôlent aujourd'hui près de 14% du territoire syrien.
Les kurdes contrôlent aujourd’hui près de 14% du territoire syrien.

Leur destin est au cœur des conflits qui secouent le Moyen Orient depuis le début du XXème siècle. Descendants historiques des Mèdes, d’origine iranienne, le peuple kurde est aujourd’hui géographiquement réparti entre 4 pays frontaliers : la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak. Le 18 mars dernier, alors qu’une réunion se tient actuellement à Genève sur la résolution du conflit syrien opposant le gouvernement de Bachar-El-Assad, les rebelles syriens et, depuis peu, l’Etat islamique, les kurdes de Syrie ont proclamé la naissance « d’une entité fédérale »  au Nord du pays, au sein des trois « cantons » (Afrine, Kobané et Jaziré) qu’ils contrôlent. Etat des lieux et perspectives.

Les ambitions politiques du peuple kurde et la quête d’une réelle autonomie

Selon les estimations, le peuple kurde compterait entre 20 et 40 millions d’individus, principalement musulmans à majorité sunnite (80%). Malgré plusieurs tentatives, notamment en Turquie, à travers l’instauration d’un parti politique, le PKK, seul l’Irak a fait l’expérience d’une autonomisation de sa minorité kurde. Suite à une répression massive organisée par Saddam Hussein en 1988 et 1991 dans le cadre la guerre du Golfe, et à une intervention de l’ONU, un gouvernement régional du Kurdistan est finalement reconnu par la constitution irakienne de 2005.

La guerre civile syrienne, lorsqu’elle confrontait le gouvernement de Bachar-El-Assad à une contestation populaire sans précédent, a représenté une opportunité pour la minorité syrienne d’affirmer son identité dans le pays, profitant ainsi de la déstabilisation du pouvoir central au sein du pays. Ils contrôlent à ce jour 14% du territoire syrien. Mais la poussée de Daesh a changé la donne et est venue mettre à mal les ambitions du peuple kurde. Les combattants kurdes en Irak, également impacté par les projets de l’EI d’établir un califat islamique dans la région, les peshmergas, deviennent alors un atout majeur pour les gouvernements de la région et un allié des forces occidentales dans la lutte contre le terrorisme.

Une décision qui jette le flou sur la capacité de la communauté internationale à mettre fin au conflit syrien

Cependant, les espoirs d’acquérir une réelle autonomie (voire une indépendance) politique, se heurte à deux obstacles fondamentaux : la prudence de la communauté internationale et des pays occidentaux, inquiets des répercussions géopolitiques éventuelles dans une région en proie à l’instabilité depuis les événements en Syrie en 2011 et en Irak en 2014, et la réticence des Etats abritant des populations kurdes, qui craignent une remise en cause de leurs frontières.

C’est ainsi que les États-Unis, qui soutiennent pourtant les kurdes dans la lutte contre l’EI, ont signalé ne pas vouloir reconnaître cette entité. La décision du peuple kurde a également fait l’unanimité auprès du gouvernement syrien et des rebelles, qui, s’ils s’opposent militairement depuis presque 5 ans, ont rejeté toute velléité d’indépendance. Elle fait suite à la non-intégration du parti politique kurde syrien (le Parti du l’Union démocratique, ou PYD) au processus de négociation actuellement en cours à Genève, alors qu’il œuvre quotidiennement à déstabiliser l’Etat islamique dans la région.

Le conflit syrien est devenu, en 4 ans, une véritable fourmilière. Difficile désormais de distinguer les alliances et les oppositions entre la multitude d’acteurs qui prennent part, de près ou de loin, au conflit. Le tournant engagé par les kurdes en Syrie risque ainsi d’être source de tensions au sein d’un processus de négociations déjà complexe, pour tenter de résoudre un conflit qui a déjà fait plus de 270 000 morts.

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