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Israël : un nouveau ministre de la défense controversé

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Le lundi 30 mai, la Knesset – le Parlement monocaméral de l’Etat d’Israël –  a confirmé la nomination de deux nouveaux ministres au sein du gouvernement de Benyamin Netanyahou. Sofa Landker occupera désormais le poste de ministre de l’intégration, tandis qu’Avigdor Lieberman celui de ministre de la défense. Ces deux hommes politiques appartiennent au parti politique Israel Beytenou – c’est-à-dire « Israël notre Maison » -, qualifié d’ultranationaliste. L’intégration de cette formation politique dans la coalition gouvernementale ne convainc pas de nombreux membres de la majorité. De plus, le choix de A. Lieberman, dont la rhétorique agressive a souvent été condamnée, a fait couler beaucoup d’encre.

Le nouveau ministre de la défense Avigdor Lieberman, lors d'un meeting de son parti Israel Beytenou, le 26 mai dernier. Sa nomination a été très discutée par la Knesset. (c) Reuters
Le nouveau ministre de la défense Avigdor Lieberman, lors d’un meeting de son parti Israel Beytenou, le 26 mai dernier. Sa nomination a été très discutée par la Knesset. (c) Reuters

Depuis sa quatrième élection en tant que Premier ministre, en mars 2015, B. Netanyahou disposait d’une courte majorité au sein du Parlement : 61 sièges sur 120. Le parti Likoud du Premier ministre devait déjà travailler conjointement avec quatre autre groupes politiques : le Koulanou, le Foyer juif, le Shass et le Yahadut Hatorah (Judaïsme unifié de la Torah). Cette coalition de formations du centre et de la droite avait été obtenue difficilement, et paraissait fragile. De ce fait, quand B. Netanyahou a entamé des discussions il y a quelques semaines avec le parti Israel Beytenou, c’était dans le but de renforcer sa majorité. Intégrer ce parti politique d’extrême droite lui permet en effet de gagner 6 sièges.

Grâce à ces tractations politiques, le Premier ministre israélien a atteint son objectif : consolider sa majorité parlementaire. Cependant, ce renforcement ne sera pas forcément synonyme de stabilité. Ses choix ont déjà été critiqués par différentes personnalités de son camp.

Selon ses détracteurs, la principale erreur de B. Netanyahou est d’avoir attribué à A. Lieberman le portefeuille de la défense, faisant de lui le numéro 2 du gouvernement. La réputation de cet homme politique, originaire de Moldavie, est particulièrement controversée. Tout d’abord, son inexpérience militaire lui est reprochée – même s’il a déjà été ministre des affaires étrangères. Mais plus que tout, ce sont ses précédentes prises de position qui inquiètent. Par exemple, il a  déjà menacé l’Égypte, en déclarant qu’il serait prêt à faire bombarder le barrage d’Assouan. Cette nouvelle alliance a d’autant plus surpris que A. Lieberman a, à plusieurs reprises, critiqué B. Netanyahou, allant jusqu’à le traiter de « menteur » et le déclarant incapable de prendre de bonnes décisions politiques. Il lui a notamment reproché son manque de fermeté dans ses rapports avec les Palestiniens. Alors que le précédent ministre de la défense Moshe Ya’alon promouvait une approche moins militariste, plus dans la retenue, de la situation, la position d’Israël pourrait évoluer dans les mois à venir. Même si lors de sa prestation de serment lundi soir, A. Lieberman a affirmé qu’il supportait l’idée de « deux États pour deux peuples », l’inquiétude est grande dans le camp palestinien, mais aussi parmi la classe politique israélienne.

Le gouvernement de B. Netanyahou est désormais un des plus à droite qu’Israël n’ait jamais connu. Comme évoqué précédemment, cela pourrait avoir des conséquences sur les relations Israélo-palestiniennes, mais aussi sur les rapports entre les États-Unis et Israël. L’administration américaine n’avait pas apprécié les nombreux propos déplacés de A. Lieberman. Même si ce dernier reste le numéro 2, tandis que B. Netanyahou continuera à définir les grandes lignes de la politique étrangère, il pourra exercer une certaine influence sur le processus de décision. Une influence qui tiendra sûrement plus du Faucon que de la Colombe.

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