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Afghanistan, 10 ans après

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L’opération « enduring freedom », lancée le 7 octobre 2001 pour combattre Al-Qaida et les talibans sur les terres afghanes montre  un bilan très médiocre.  Après un été qui compte parmi les plus meurtriers depuis le début du conflit, du côté civil comme dans les rangs militaires, la situation semble sans issue.

Si la coalition était au départ apparue comme une force libératrice auprès des populations, son aura a beaucoup diminué depuis. La victoire militaire a certes été rapide, mais la guérilla urbaine imposée par les talibans mine les armées occidentales, peu préparées à ce type de combat.  L’OTAN a fixé le départ de ses 140 000 soldats à 2014. Passé ce délai, les occidentaux n’interviendront qu’en appui logistique et financier des forces de sécurité afghanes,  qu’ils sont en train de former. Cela sera-t’il suffisant pour ramener le calme en Afghanistan ? Les troupes afghanes – 300 000 hommes formés par la coalition – ne semblent pas prêtes à affronter la situation. En effet, depuis 2005, la  guérilla urbaine et les attentas suicides ne faiblissent pas, et la coalition semble s’embourber dans un terrain qu’elle n’a jamais réellement maîtrisé.

Les civils afghans sont les premières victimes de ce conflit : plus de 11 000 d’entre eux ont trouvé la mort depuis 2001.

Si 85% sont tombés lors d’attentats commis par les talibans, ce sont bien les morts causés par la coalition qui suscitent le plus de critiques. Les populations se méfient de cette nouvelle armée d’occupation, qui n’a jamais pris la peine de comprendre les conditions de vie et la culture afghanes.

Le président afghan, Harmid Khazaï se révèle lui aussi impuissant. La politique de réconciliation nationale qu’il mène depuis cinq ans n’a pas réussi à effacer les fractures du pays. Un échec  aggravé par l’assassinat de celui qui était en charge du Haut Commissariat à la Réconciliation Nationale, l’ex-président afghan Burhanuddin Rabbani. De plus en plus impopulaire dans son propre pays, Kharzaï  dispose d’une marge de manœuvre réduite, d’autant qu’il reste pour beaucoup de ses compatriotes  le symbole de la corruption qui gangrène le pays.

Quel sera l’avenir de l’Afghanistan ? Les Américains donnent aujourd’hui la priorité à l’Irak, et les Européens attendent 2014 sans grand espoir. Les tensions croissantes avec le Pakistan (dont les zones tribales sont accusées de servir de base arrière aux talibans)  n’aideront pas à la résolution du conflit. Les grands perdants sont les civils, qui,  faute de gouvernement légitime et  capable d’assurer leur sécurité, se tournent de nouveau vers les talibans.

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