Rétrospective 2016 : Iran et Arabie saoudite, la tension monte
L’année 2016 aura encore été une année de guerre au Moyen-Orient, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak. Outre les opérations menées contre l’État Islamique, les combats entre chiites et sunnites font croitre l’insécurité dans certaines parties de la région. La milice chiite du Hezbollah, soutenue par l’Iran, s’impose aux côtés d’Assad en Syrie, tandis que les bombardements saoudiens entretiennent la guerre au Yémen. Ainsi les deux grandes puissances du Moyen-Orient, l’Iran et l’Arabie saoudite, luttent l’une contre l’autre pour étendre leur influence. Si les Occidentaux multiplies les tentatives de plans de paix, ils seront vains sans la présence et un accord entre iranien et saoudien. Cependant, le dialogue semble aujourd’hui rompu.
L’événement qui aura marqué les deux diplomaties, s’est déroulé dans les premiers jours de cette année 2016, le 3 janvier, marquant la rupture des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Ce gel des relations diplomatiques est intervenu suite à l’assassinat d’un dignitaire chiite, Nimr Al-Nimr, figure des manifestations réprimées en 2011, lors du mouvement des printemps arabes qui avait aussi touché le royaume saoudien. L’exécution de ce chiite a fait réagir la société iranienne avec de grandes manifestations, qui finiront par déborder et provoquer le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran. Raison invoquée par la diplomatie saoudienne pour rappeler son ambassadeur et expulser les représentants iraniens du pays. Les tensions entre les deux puissances du Moyen-Orient vont s’accroître au fil de l’année, notamment pendant la période du pèlerinage des musulmans à La Mecque, d’où les chiites iraniens seront exclus. La guerre des mots fait alors rage, ainsi le grand mufti saoudien Abdel Aziz ben al-Cheikh nous rappellera que les iraniens « n’étaient pas des vrais musulmans », tandis que l’ayatollah Khamenei qualifiera les dirigeants saoudiens « d’égarés honteux » pour avoir « bloqué le chemin du Hajj aux fidèles iraniens ». Des attaques à caractère religieux, qui ne doivent pas pour autant faire oublier le différend géopolitique opposant les deux puissances.
Lutte d’influence au Moyen-Orient
En effet, l’Iran et l’Arabie saoudite ont une implication active dans les conflits qui déstabilisent actuellement le Moyen-Orient. Si les deux États disent affronter Daesh, dans la coalition internationale pour l’Arabie Saoudite et au côté des forces irakiennes pour l’Iran, ils sont également présents sur d’autres fronts. Ainsi l’Arabie saoudite bombarde massivement la rébellion houthiste au Yémen, rebelles soutenus par l’Iran. Et son éventuel soutient à certains groupes djihadistes dans la région, font douter l’Occident du bien-fondé des relations entre les deux parties. Quant à la République islamique d’Iran, elle officie avec Bachar al-Assad en Syrie contre les rebelles, soutenus par Riyad et aide massivement le Hezbollah, la milice chiite toujours maître du jeu au Liban.
Plusieurs spécialistes de la région, voient dans cet accroissement des tensions entre les deux pays, le moyen pour les partis conservateurs au pouvoir en Arabie saoudite et en Iran, de conserver leur influence et de marginaliser celle de leurs opposants réformateurs. Ainsi, l’année 2017 ne devrait pas voir émerger dans ces deux pays de grands forces réformatrices. Il sera cependant nécessaire de scruter la présidentielle iranienne qui aura lieu en mai 2017, pour voir quelles forces politiques l’emporteront, le Président modéré Hassan Rohani ou un candidat plus conservateur.