Nucléaire iranien : l’Iran accepte une reprise du processus de négociation à Genève avec les Six
Aujourd’hui lundi 6 décembre 2010 se rencontrent l’Iran et les Six (i.e. les Cinq du Conseil de sécurité de l’ONU : Etats-Unis, Angleterre, Allemagne, France, Chine, Russie plus l’Allemagne), à Genève, afin de reprendre les négociations sur le nucléaire iranien, au point mort depuis plus d’un an. Petit rappel des faits : pays ayant signé le TNP en 1970, l’Iran fait aujourd’hui valoir les mesures discriminatoires qui l’ont conduit à acquérir la technologie nucléaire dans la clandestinité pour légitimer son droit d’accès au nucléaire civil ainsi que les recherches (tout aussi clandestines car l’AIEA en est tenue à l’écart) sur l’énergie atomique. Les dirigeants iraniens estiment leur droit à enrichir « non-négociable ». On peut certes arguer de la mauvaise foi du régime iranien dont l’hostilité à l’égard d’Israël et du monde occidental n’est plus à démontrer, mais quid de l’aspiration légitime de l’Iran à une technologie vecteur de développement ? Les enjeux géopolitiques autour de la question du nucléaire iranien sont donc extrêmement complexes et engagent toute la communauté internationale ; et après quatorze mois de négociations au point mort, cette rencontre peut se lire comme un test déterminant de la bonne volonté de Téhéran quant aux négociations sur son programme nucléaire.
Si les experts des questions énergétiques et diplomatiques sont sceptiques quant à l’issue de cette rencontre, c’est que le climat est de plus en plus tendu dans les relations entre l’Iran et les Etats occidentaux depuis près d’un an. Après l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU du 9 juin dernier condamnant l’Iran et renforçant les sanctions économiques internationales contre Téhéran à cause de son refus de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium, l’Iran a annoncé samedi 27 novembre la mise en route de sa première centrale de Bouchehr, achetée et livrée par la Russie. De plus, la rencontre menée par le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton au nom des Six et le responsable de la délégation iranienne Saïd Jalili s’annonce difficile après une semaine ponctuée par deux attentas visant des scientifiques du nucléaire iraniens (l’Iran accuse d’ailleurs les pays occidentaux), les fuites de Wikileaks, et l’annonce dimanche par Téhéran de la production du premier lot iranien de concentré d’uranium. Pour le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, les négociations de Genève (à huis clos en principe pour deux jours) visent à « souligner la préoccupation de la communauté internationale ». Reste à savoir si l’Iran acceptera le retour à de véritables négociations et cessera de faire la sourde oreille aux préoccupations de la communauté internationale, s’enfonçant alors encore dans une position diplomatique menaçant le fragile équilibre au Moyen-Orient…