Contestation grandissante dans le sultanat d’Oman
Un pays arabe assez méconnu est également en proie aux doutes actuellement. Il s’agit du sultanat d’Oman. Pour mieux comprendre les événements actuels, il convient de revenir en arrière sur l’histoire de ce pays. Le sultan Kabous est arrivé au pouvoir en 1970, à l’époque de la découverte d’hydrocarbures dans la région, alors dans une extrême pauvreté. Cette ressource lui a permis d’asseoir son autorité et de développer un territoire qui n’était alors pourvu que de très peu d’infrastructures.
Hier, et pour la quatrième journée consécutive, des troubles ont éclaté à Mascate, la capitale, et Sohar, principal port du sultanat. Dimanche, six personnes auraient été tuées par l’armée, avant que les Etats-Unis, pour qui le sultanat est un allié militaire essentiel dans cette région, ne fassent un appel à la retenue. Une des craintes d’Oman est de voir son secteur touristique être fortement frappé par les événements actuels. Par conséquent, le ministre du Tourisme du Sultanat d’Oman a tenu des propos rassurants sur la situation, assurant que la sultanat était « progressiste et tourné vers l’extérieur ».
Pourtant, ces manifestations sont d’une autre nature que celles qui ont lieu en Tunisie, Egypte ou Libye. Certes, certains intellectuels réclament des réformes profondes, et par exemple la création d’un parlement. Mais la portée de leurs propos est faible. Ainsi, à la différence des pays précédemment cités, où la population réclame le départ du dirigeant en place, les manifestants d’Oman souhaitent des hausses de salaires, des emplois (plus de la moitié de la population a moins de 25 ans) et des réformes politiques. D’ailleurs, 2000 personnes se seraient regroupées dans la grande mosquée Kabous, dans la capitale, ont exprimé leur désaccord avec les manifestations actuelles tout en affirmant leur soutien au sultan en place.
En réponse à ces quelques requêtes, le sultan Kabous ben Saïd, au pouvoir depuis quatre décennies, a promis la création de 50 000 emplois ainsi qu’une prime d’environ 400 euros pour les chômeurs, et une amplification des pouvoirs de la Choura. Il faut bien comprendre que le pouvoir est verrouillé par le sultan, dont le pouvoir est absolu (il cumule, si l’on peut dire, les fonctions de Premier Ministre, chef des armées, gouverneur de la banque centrale, etc.), d’autant que les partis politiques sont interdits.
Dans cet Etat, le régime n’est a priori pas menacé, mais qui sait si les manifestations ne prendront pas un nouveau tournant ?