Les élections législatives iraniennes sonnent le glas du printemps arabe
L’élection présidentielle est un véritable paravent. Peu de place pour d’autres informations. Et pourtant … le printemps arabe entre dans une nouvelle phase, dans l’indifférence des médias.
Après les réussites des révolutions, le naufrage des dictatures méditerranéennes, le printemps arabe se heurte au mur proche oriental à Damas et Téhéran. Pour paradoxal que celui paraisse, c’est pourtant de ce mur que tout est parti, en 2009. La contestation iranienne lors des précédentes élections législatives avaient fait vaciller le pouvoir d’Ahmadinejad et du chef suprême Khameini. Depuis, tous les pays du Maghreb s’étaient réformés et les dictatures tombèrent une à une. L’espérance d’un changement était née à Téhéran… pour revenir, aujourd’hui, y mourir.
Les élections législatives en Iran de mars 2012 ont permis au camp conservateur de triompher. L’affirmation du clan anti-révolutionnaire en Iran renforce la détermination d’un pays dictatorial à endiguer, coûte que coûte, le déferlement de jeunes dans la rue. Avec cette élection, c’est une véritable « dictature de salut public islamiste » qui s’installe en Iran. Pourtant, amputée de l’opposition, l’élection ne revêtait aucun enjeu majeur sauf peut-être la lutte au sommet du pouvoir entre le chef suprême iranien et le président Ahmadinejad, chef de l’exécutif. Et c’est là que se joue l’avenir du Moyen-Orient. Les deux hommes s’affrontent sans le dire pour l’élection présidentielle qui se jouera en 2013.
Le régime bicéphale de l’Iran tenait bon car ses deux têtes s’entendaient, dialoguaient. Ensemble, elles avaient réprimé dans le sang la révolte des jeunes iraniens. Ensemble, elles affirmaient leur volonté d’offrir à leur régime le rayonnement international que permet l’acquisition de la bombe nucléaire. Mais les médias n’en avaient que pour Ahmadinejad qui décida, depuis 2011, de faire cavalier seul. Au dictateur intransigeant et dangereux pour la communauté internationale s’était substitué, peu à peu, un réformateur religieux. Eloigner les mollahs du pouvoir pour en concentrer plus dans ses mains. Pour gagner cette bataille, Ahmadinejad avait compris que les souffrances du peuple pouvaient l’aider à monopoliser le pouvoir. Il avait compris que l’embargo de l’Occident boostait l’inflation et paupérisait le peuple iranien. C’est pourquoi il avait ralenti sa course au nucléaire. Ces tensions au sommet du pouvoir atteignirent leur paroxysme en 2011 lorsque Ahmadinedjad entreprit une grève de 10 jours du pouvoir. De cette féroce bataille ne survivra qu’un prétendant. Les élections législatives l’ont désigné : ce sera Khameini. Avec un parlement, le Majlis, aux mains du guide suprême, Ahmadinejad est assuré de perdre la présidentielle et ainsi de rendre aux mollahs les rênes du régime.
Cette lutte intestine, l’Occident doit la comprendre. Le moment est crucial pour la région. Le durcissement iranien renforcera le régime des alaouites en Syrie pour renforcer le chiisme, et la révolte euphorique pour la démocratie se transformera, peu à peu, en bain de sang terrible pour la dictature. Avec la prise d’Homs par les partisans d’Assad, ce mouvement s’est déjà enclenché. Triste mois de mars 2012.