1955 : La création du Pacte de Varsovie
Ce pacte a réuni huit pays à l’instigation de l’URSS de 1955 jusqu’à sa dissolution en 1991, avec la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, la RDA, la Hongrie, l’Albanie (jusqu’en 1958). En réalité, il n’est pas une réplique décisive à la création de l’OTAN en 1947, mais fait suite aux accords de Paris de 1954 qui plaidaient pour un réarmement de la RFA et son intégration dans l’OTAN. A son lancement, il est officiellement appelé « traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle ».
A sa tête se trouve le commandement dit « unifié », toujours dirigé par des soviétiques. De plus, l’organisation des forces militaires de tous les membres est la même qu’en URSS. C’est une commission permanente siégeant à Moscou qui décide des orientations à suivre en matière de politique internationale. Néanmoins, et malgré ce multilatéralisme qui peut apparaitre comme révolutionnaire pour un pays dit autarcique dans l’entre-deux-guerres, l’URSS maintient un bilatéralisme fort avec ses démocraties populaires, comme si elle voulait maintenir un filet de sécurité pour ses propres intérêts économiques et politiques.
Et paradoxalement, alors même que le Pacte de Varsovie était censé être une réplique décisive à la pactomanie américaine, sa naissance intervient à un moment de réchauffement des relations américano-soviétiques. C’est ainsi le Pacte de Varsovie qui est le principal promoteur de la coexistence pacifique dès 1956 avec Khrouchtchev. Par exemple, les membres votent en faveur du plan Rapacki à l’ONU, du nom d’un ministre polonais en 1957. Avec ce plan aurait pu être établie une zone dénucléarisée en RFA, RDA, Pologne et Tchécoslovaquie.
Mais ne nous méprenons pas. Derrière cet écran de fumée pacifique, la politique de l’URSS au sein du Pacte reste avant tout offensive. C’est le cas avec la doctrine de la « souveraineté limitée ». Elle implique que le Parti Communiste de chaque pays n’est pas uniquement responsable de la destinée de son pays, mais bien de la destinée du socialisme tout entier. La souveraineté est donc limitée puisque tout Etat peut intervenir si le socialisme est en danger quelque part. L’exemple le plus fameux (et le plus horrible) reste la réponse du Pacte au Printemps de Prague en 1968.
Les dernières années du Pacte sont celles de son « ouverture ». Ouverture à la démocratie à travers la participation à la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) à Helsinki en 1975, ou la signature d’accords stratégiques avec les Etats-Unis (accords SALT II en 1979). Mais c’est bien la glasnost et la perestroïka menées par Gorbatchev en URSS dès 1985 qui sont à l’origine de la disparition du Pacte, ou plutôt de son implosion. Chaque pays veut en effet que l’URSS retire ses troupes du pays, avant la disparition de la structure politique en juillet 1991. Voilà une triste fin pour ce qui restera comme la seule union politique des pays communistes d’Europe de l’Est. Et comble du comble, certains pays ont depuis rejoint l’ennemi, l’OTAN, comme la Pologne ou la Hongrie !