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Le génocide rwandais de 1994 et son impact sur la région des Grands Lacs

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Le 6 avril 1994, le Président rwandais hutu Juvenal Habyarimana meurt dans un attentat perpétré contre son avion. C’est le prétexte que choisissent les Hutus extrémistes alors au pouvoir pour déclencher ce qui s’avérera être un génocide : près de 800000 Rwandais tutsis et hutus modérés ont été tués entre avril et juillet 1994. Ce massacre a révélé  les profonds malaises du Rwanda mais a aussi été le point de départ d’une déstabilisation régionale.

Un génocide qui a laissé, logiquement, des traces indélébiles sur toutes les populations du pays

Les communautés Tutsi et Hutu sont concentrées dans la région des Grands Lacs en Afrique et plus précisément au Rwanda, au Burundi et dans la région du Kivu. Si elles ont des points culturels en commun, si elles partagent une même langue, on les a néanmoins toujours regroupées dans des groupes socioprofessionnels différents. En effet, traditionnellement, les Tutsis, largement minoritaires, sont éleveurs alors que les Hutus sont plutôt agriculteurs ; une disparité qui a favorisé la création de différentes classes sociales, une différenciation sur le plan économique, et l’accession de l’élite tutsi au pouvoir. Ces conséquences ont eu un impact d’autant plus important sur le futur contentieux qu’elles ont été exploitées par les colons allemands puis belges.

Les colons ont voulu installer un gouvernement indirect en s’appuyant sur les Tutsis alors au pouvoir, en utilisant les différences communautaires comme un instrument politique. Ainsi, les colons ont exclu les Hutus en les discriminant. Cependant, un revirement eut lieu en 1959, lorsque les Tutsis réclamèrent l’indépendance : les colons, pour rassoir leur autorité, ont alors décidé de confier le pouvoir aux Hutus, ce qui a engendré une première vague de massacres. La colonisation, par l’instrumentalisation du « problème ethnique », n’a fait qu’exacerber des tensions existantes.

D’autre part, la région des Grands Lacs est très peuplée : les densités de population y sont très importantes. La forte croissance démographique et la raréfaction des terres ont ainsi été des sources de tensions supplémentaires. En effet, des migrations, volontaires ou imposées, ont rompu des équilibres anciens et peuvent donc être considérées comme des causes du génocide.

Une onde de choc engendrant la déstabilisation de la région

Le génocide a provoqué la migration de 1,2 million de réfugiés vers la région du Kivu, province frontalière située en RDC (ex-Zaïre). Une hostilité anti-Tutsi s’est alors développée au Zaïre de l’époque. Ce mouvement de population a ainsi géographiquement déplacé le centre des tensions : une rébellion a éclaté en 1996 dans le Kivu, déclenchant le conflit du Zaïre de 96-97. En effet, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda sont venus soutenir la rébellion zaïroise tutsi pour remplacer Mobutu, le président du Zaïre, par Kabila. Une nouvelle rébellion tutsi déclenchera le conflit des Grands Lacs (1998-2003) pour écarter Kabila du pouvoir, et encore une fois plusieurs pays africains seront impliqués, donnant au conflit une dimension régionale.

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