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Ukraine: une guerre locale en passe de devenir mondiale ? (5/7)

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Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un monde nouveau naquit. L’Europe de l’Ouest était désormais pacifiée. Dès 1949, l’Allemagne démilitarisée, et divisée entre deux États distincts: la République fédérale d’Allemagne (RFA) au sein du Bloc de l’Ouest, et la République démocratique allemande (RDA) au sein du Bloc de l’Est, avait cessé de faire peur. Cependant, l’arme nucléaire avait fait son apparition dans le champ militaire à une époque où deux adversaires idéologiques se faisaient face, les États-Unis d’Amérique et l’Union des républiques soviétiques socialistes (URSS). L’idée que celles-ci puissent se livrer une guerre nucléaire était désormais le nouveau scénario catastrophique qui hantait autant les élites politiques occidentales, que les populations civiles. Un tel événement aurait, sans nul doute, sonner le glas pour l’humanité.

URSS et USA :  l’ère d’un faux air de guerre nucléaire

« Il est des idées d’une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire ».

George Orwell.

La rivalité entre le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest laissait présager une apocalypse nucléaire
L’idée d’une troisième guerre mondiale nucléarisée entre les USA et l’URSS était la hantise du monde post-1945.

La crainte d’un scénario d’une troisième guerre mondiale nucléarisée, opposant l’URSS et les États-Unis, fût ce qui hanta les populations civiles, entre 1945 et 1989. Pourtant, ni Moscou ni Washington, n’ont été enclins à entrer frontalement en guerre.  Nombreux sont les exemples qui le démontrent. Le premier cas de figure n’est autre que celui de la guerre civile grecque qui s’est joué entre 1946 et 1949.  À cette occasion, l’armée gouvernementale grecque pro-américaine s’opposait à l’Armée démocratique de Grèce. Cette dernière était la branche armée du Parti communiste grec. Staline n’intervint cependant pas en faveur des forces communistes. Celles-ci sortirent perdantes de cet affrontement. La non-intervention de Staline s’expliquait par sa volonté de respecter l’accord de partage des Balkans conclu en 1944 à Moscou. Ce dernier garantissait, à la Grande-Bretagne,  le maintien de la Grèce dans le giron occidental.

Une guerre chaudement froide

Entre temps, durant l’année 1948, Staline imposa un blocus sur Berlin. Ceci à dessein, afin d’empêcher les Occidentaux de ravitailler Berlin-Ouest. Les Britanniques, les Français et les Américains, en réaction, mirent en place un pont aérien. Face à cette situation, le leader soviétique prit la décision de lever le blocus qu’il avait imposé, 11 mois plus tôt. Personne n’appuya sur le bouton nucléaire…

La décennie suivante, durant la guerre de Corée (1950-1953), les armées de Kim Il Sung, soutenues par l’URSS et la Chine, envahirent la Corée du Sud. Le Général américain Douglas MacArthur fut mis à la tête d’une coalition onusienne chargée de défendre la partie sud de la péninsule. À cette occasion, il se rendit compte que des soldats chinois prenaient également part au conflit. C’est pourquoi, après les avoir repoussés au-delà du 38ème parallèle, il envisagea de recourir à l’arme atomique. Ce que le président Truman refusa catégoriquement. Il limogea ensuite MacArthur, le 11 avril 1951, en pleine guerre.

Aussi, en 1956, l’URSS et les États-Unis condamnèrent-ils de concert, l’intervention britannico-israélo-française, visant à renverser Nasser. Il s’agit de la fameuse crise du Canal de Suez, où le leader Égyptien avait décidé de nationaliser celui-ci.

Pour finir, en 1962, la crise des missiles de Cuba, elle, n’a conduit à rien d’autre qu’au retrait des missiles soviétiques stationnés sur cette même île et pointant en direction des États-Unis. En échange, ces derniers retirèrent leurs missiles stationnés en Turquie et en Italie. Ils s’engagèrent encore à ne plus tenter d’envahir Cuba. Tout ceci se conclut par la mise en place d’un raccordement téléphonique direct, entre le Kremlin et la Maison-Blanche, inaugurant l’ère de ladite détente. 

URSS: l’impuissance nucléarisée

Enfin, à partir des années 1960, l’URSS devint de plus en plus incapable de suivre la cadence de développement technologique de l’Ouest. Si bien que dès le début de la décennie suivante, la fin du régime soviétique fit l’objet de pronostics de la part de différents chercheurs. Durant les années 1980, le dirigeant soviétique, Leonid Iltich Brejnev ne cacha même plus, face aux hauts gradés, son inquiétude. Il admit ouvertement l’insuffisance technologique de l’armée soviétique. Alors qu’au même moment, le système d’intelligence et d’espionnage économique mis en place par le Japon, depuis 1945, commençait à sérieusement inquiéter les États-Unis.

Finalement, le 9 novembre 1989, il se passa ce que nous savons. Et deux ans plus tard, épuisée économiquement, l’URSS disparut définitivement, en tant qu’entité politique. Pendant ce temps, la RFA et le Japon réalisaient à nouveaux d’importants excédents commerciaux. Ces deux États étaient démilitarisés et démunis de la bombe nucléaire. Cependant, ruse de l’histoire, ce furent eux qui sortirent gagnants de la guerre économique qui s’est jouée à l’Ouest, entre 1945 et 1989, sur fond de Guerre froide.

5/7

Sources:

  • Laïdi, Ali, 2016, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin.
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Yoann Lusikila

Yoann Lusikila est diplômé de science politique à l'Université de Lausanne. Il s'est spécialement intéressé aux enjeux de sécurité internationale, et de guerres économiques, à l'aune de la globalisation économique.

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